Le drapeau uruguayen a beau arborer un soleil éclatant, Montevideo semble condamné à rester dans l'ombre; celle projetée par sa populaire et populeuse voisine, Buenos Aires. Discret et plus feutré, il dispose néanmoins d'attraits rayonnants: plages lumineuses, parcs luxuriants, grillades à gogo et tangos enflammés. Coup de projecteur sur une cité qui passe trop souvent incognito.

Jour 1

10h

Un 18 juillet, dans les années 20

S'il n'y avait qu'une seule avenue à emprunter à Montevideo, ce serait sans hésiter celle du 18 juillet. Véritable colonne vertébrale de la ville, s'y succèdent les plus beaux édifices patrimoniaux, religieux et commerciaux: Café Montevideo, Ciné Rex, Palacio Rinaldi... Chaque coin de rue devient un détour par les années 20. À ne pas rater: le marché des artisans, près de la place Cagancha. L'avenue débouche sur la Plaza Independencia, clou de la balade, flanquée de l'imposant Palacio Salvo et du général indépendantiste Artigas monté à cheval (en statue, bien entendu!). C'est l'instant «carte postale» de toute visite à Montevideo...

12h

Fumées et fumets

Les adeptes de la bonne bouffe n'ont qu'à converger vers la colonne de fumée blanche qui s'élève près du port. Non, ce n'est pas l'élection d'un nouveau pape sud-américain. On communie simplement autour d'une orgie de grillades au marché du port (Mercado del puerto), vaste galerie où marinent saucisses, biftecks et entrecôtes en tout genre. Les mets sont cuits sous le nez des clients affamés, attablés aux comptoirs, à l'espagnole. Même si la viande domine les étalages (et tout l'Uruguay, en produit!), les carnivores peuvent y prendre une pause avec poissons et fruits de mer. Le cabillaud pané - une spécialité - y est excellent.

14h

À l'assaut de la vieille ville

Clôturant la Plaza Independencia, se dresse la porte d'une ancienne citadelle, vestige marquant l'entrée de la vieille ville. Derrière cette Puerta de la ciudadela, les rues se font plus intimistes, offrant de sympathiques marchés d'artisanat (l'occasion de se procurer un récipient de maté), des musiciens de rue interprétant leurs chansons de gauchos, et des petites tables pour se payer bière et grillade. Là encore, des édifices historiques, comme le théâtre Solis, ponctuent votre chemin.

16h

L'heure du berger

Mais qui sont ces fameux gauchosà qui Montevideo consacre une pléiade de statues? Des personnages cruciaux dans l'histoire et la société uruguayennes. Un petit tour au Musée du gaucho et de la monnaie apportera un éclairage sur le rôle de ces gardiens de troupeaux, dont certains ont pu acquérir le statut de véritables seigneurs féodaux.

Jour 2

10h

Les arbres, c'est branché

L'Uruguay présente une vaste diversité faunique et végétale, qui transparaît clairement dans la capitale: acacias, platanes et palmiers protègent du soleil et des vents souvent violents. Pour prendre la pleine mesure de cette variété, deux destinations d'intérêt: les parcs Rodó et Prado. Le premier, proche des plages, offre cours d'eau, tables d'échecs, et même un bon choix de voies d'escalade naturelles équipées. Le second, plus au nord, abrite un jardin botanique. Notre mention spéciale revient à l'arbre nommé palo borracho, avec son large tronc épineux et ses splendides fleurs rosâtres.

12h

Buveurs en herbe

À deux pas du parc Prado, Los Yuyos, institution figée depuis 1906, semble avoir été oubliée par les guides touristiques. Tout en boiseries et en cadres, on y sert l'une des meilleures parrillas (grillades) en ville, mais présente surtout une impressionnante liste de cañas, boissons alcoolisées à base de sucre de canne, aromatisées ou mélangées à des herbes. À goûter également: la grappamiel, sirupeux mélange d'eau-de-vie et de miel d'abeille, d'influence italienne. Les Montevidéens ont beau tenir à ce lieu comme à la prunelle de leurs yeux, cela ne les empêche pas de se plaindre du service, il est vrai peu pressé et parfois peu attentionné.

14h

D'abord, les plages...

Orientées plein sud, les plages du Río de la Plata vous tendent les bras... à condition de faire attention où vous mettez les pieds. En effet, les aires sablonneuses jouxtant la vieille ville présentent un drôle d'air, avec leur propreté douteuse, due à la proximité du port et du centre-ville. Mieux vaut attraper un bus ou un taxi (peu onéreux dans les deux cas) pour atteindre les plages situées à l'est, plus étendues et beaucoup moins souillées. Celle des Pocitos offre un excellent compromis, grande demi-lune où roulent vagues et ballons de soccer. Les moins pressés peuvent pousser jusqu'aux plages de Carrasco, encore plus attrayantes.

16h

... après, les pailles...

En fin de journée, ne reste plus qu'à exposer son beau bronzage lors d'une promenade le long de la Rambla, qui borde le sud de la ville. Sirotant un maté acheté à quelques pas de là, il fait bon regarder les pêcheurs taquiner le poisson.

18h

... enfin, les places!

Après les plages ensoleillées, rien de tel que de profiter de l'ombre des places qui font le charme de Montevideo. Il fait bon y monopoliser un banc, y dévorer une crème glacée (on fond pour celles servies par La Cigale) ou, à l'instar d'un nombre incalculable d'Uruguayens, y siroter un maté en toute quiétude. Le long de l'avenue du 18 juillet, on se permettra une pause sur les places Cagancha et Fabini. Dans la vieille ville, arrêt obligatoire aux places Zabala (non loin du Musée des arts décoratifs) et Matriz, face à la plus ancienne église de la ville (fin XVIIIe), dont la visite s'impose.

21h

Tango y vino

Baptisé «musée» sans en être un, le Museo del Vino, implanté depuis plus de 20 ans dans la vieille ville, est à la fois une boutique, un bar à vins, et une salle de spectacle. C'est LE meilleur endroit pour s'initier aux excellents vins uruguayens, servis avec les conseils du fondateur Miguel Etchandy, avec en toile de fond musiciens de blues, de jazz, ou, bien sûr, pour clore en beauté, un tango endiablé.

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