Originaire de Colombie-Britannique, Hugo Shebbeare est un peu l'équivalent du président de la Société Saint-Jean-Baptiste, mais en version anglo. Fervent dénonciateur de la loi 101, il milite vraiment fort en faveur du bilinguisme et contre la discrimination envers les anglophones. Des explications.

L'Office québécois de la langue anglaise, c'est quoi ?

C'est un mouvement qui promeut l'affichage bilingue : pas juste en français. Actuellement, certaines entreprises comme Bell, CBC et Petro-Canada n'osent même plus annoncer en anglais au Québec ! 

Ouais, mais faut pas oublier qu'on vit dans une province francophone...

Non, on ne peut pas dire ça : c'est une province bilingue. C'est vrai que la majorité des gens parlent français, mais les deux communautés - anglo et franco -  sont là depuis 400 ans et il y a plusieurs ghettos où les gens ne parlent qu'anglais.

Mis à part l'affichage, que dénoncez-vous au juste?

Les anglophones font l'objet d'une chasse aux sorcières : on est matés sur la place publique. En plus, on est affligés par la loi 101 dans le système d'éducation et harcelés par l'Office de la langue française et sa brigade de séparateux. 

Justement, que pense la Société Saint-Jean-Baptiste de votre mouvement?

Chaque fois qu'on manifeste, ils organisent une contre-manifestation. Disons qu'ils nous harcèlent un peu...

Malgré les critiques, vous y consacrez beaucoup de votre temps. Comment avez-vous décidé de vous impliquer?

J'ai trouvé un groupe Facebook appelé «The Tyranny of Bill 101» et j'ai réalisé qu'il y avait d'autres personnes qui s'intéressaient au bilinguisme. On a organisé une première manifestation devant l'université McGill en 2011. Depuis, on en a fait huit.

Et comment ça s'est passé la première fois?

On était environ 35, on a chanté l'hymne national, on a scandé nos slogans : c'était comme une thérapie. Sauf qu'à un moment donné, il y a un militant séparatiste qui m'a frappé. Depuis, il me harcèle : il vient à toutes nos manifestations et il a même brûlé un drapeau canadien. Pour lui, comme pour d'autres séparatistes, les anglos sont des moins que rien. Ils veulent juste qu'on sacre notre camp!

En tant qu'anglo, vous êtes-vous déjà senti discriminé?

Absolument. Avant, je travaillais à la Caisse de dépôt, et quand ils m'ont remercié, le vice-président m'a dit : « C'est facile de mettre un Anglais dehors! » J'ai porté ma cause devant la Commission des normes du travail, mais je n'ai pas gagné. En tant qu'anglophone, on n'a pas de recours pour ce genre de situation ! J'ai l'impression que, parfois, c'est plus facile de faire reconnaître un cas de discrimination quand on est noir que lorsqu'on est anglophone.

Avez-vous déjà entendu parler de cas pires que le vôtre ?

Oui, il y a un anglo qui a été frappé par des agents de la STM, un autre qui s'est vu refuser un service dans sa langue par un ambulancier, le fils de mon ami a été attaqué sur la place publique et plusieurs ont reçu des menaces de mort, dont moi. Ce qui me dégoûte, c'est que la Commission des droits de la personne et les juges ne font rien pour arrêter ça.

En terminant, que répondez-vous à ceux qui vous disent :« Si t'es pas content, or'tourne dans ton pays » ?

Je suis Québécois, j'y reste. Et le Québec fait partie de mon pays, le Canada. Il faut améliorer la province et cela ne se fera avec le losership actuel instauré par le Parti québécois.