En 2010, un sondage Ipsos-Reid a révélé que 73 % des Canadiens consommaient régulièrement des produits de santé naturels (PSN), comme des vitamines et des minéraux, des plantes médicinales et des remèdes homéopathiques. L'herboristerie n'est plus une pratique marginale. Elle gagne en popularité et est maintenant reconnue par Santé Canada.

Afin de contrôler ce qui se vend sur le marché, la Direction des produits de santé naturels (DPSN) est chargée de la réglementation et de la classification des produits en vente au Canada. Elle s'occupe d'accorder le NPN, le sceau de qualité qui donne une valeur scientifique au produit disponible dans les rayons des boutiques de produits naturels et des pharmacies.

«Les recettes de grand-mère ont passé le test. Leur innocuité est validée. On peut dire que la plante se situe entre l'amour maternel et la salle d'urgence. Elles sont utiles pour les petits maux des enfants et les désagréments des adultes. Les plantes travaillent sur les tissus, la circulation. Elles nettoient les déchets pour améliorer la barrière naturelle du corps avant que la bactérie puisse se développer dans un mauvais milieu», explique Marie Provost, fondatrice de la Clef des champs, une entreprise qui fait la promotion de l'herboristerie depuis plus de 30 ans.

Les pharmaciens : entre l'arbre et l'écorce

Même si de nombreux produits naturels sont aujourd'hui reconnus et disponibles en pharmacie, peu de pharmaciens osent les conseiller et rares sont ceux qui arrivent à renseigner les clients à ce sujet.

«Les pharmaciens ne sont pas à l'aise sur cette question, car ils ne sont pas formés adéquatement sur les produits naturels», tranche le pharmacien Jean-Yves Dionne. M. Dionne est l'un des rares de la profession à afficher publiquement son intérêt pour les produits naturels. Il donne régulièrement des conférences pour les étudiants diplômés à l'Université Laval ainsi qu'à l'Université de Montréal.

Il met actuellement sur pied une formation en ligne sur son site (www.apothicaire.ca) afin que les professionnels de la santé puissent parfaire leurs connaissances sur les produits naturels, pathologie par pathologie. Selon M. Dionne, le besoin de formation chez les pharmaciens se fait cruellement sentir. «Ils sont conscients de leur manque. Chaque jour, on leur pose des questions sur les produits non médicamentés, et ils devraient être capables d'y répondre correctement», avance M. Dionne.

Selon lui, les pharmaciens sont encore très méfiants par rapport aux plantes et aux herbes, puisqu'il existe encore trop peu d'études cliniques sur ces produits. «On ne parle pas de documentation scientifique. Ça, il y en a. Mais dès qu'on parle de thérapies individualisées, alors on n'est plus dans les études cliniques. Les pharmaciens ont une approche précautionneuse. C'est pour ça qu'ils sont réticents. Leur compétence se situe au niveau de l'interaction.»

Livres à consulter

> La nouvelle pharmacie verte, Anny Schneider, 24,95 $

> Le guide complet de la phytothérapie (2e édition), Anne Mcintyre, 33,95 $

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE