Après un lancement réussi en juillet, la Semaine de la mode masculine a fait son retour très attendu lundi sur les podiums new-yorkais dans le sillage de Londres, Milan et Paris, tentant de s'imposer auprès des professionnels.

Désireux de transformer l'essai pour cette deuxième édition, les organisateurs new-yorkais ont prévu un calendrier automne-hiver 2016 plus dense que l'été dernier -- avec 60 présentations ou défilés contre 51 -- et misent sur une plus grande couverture médiatique, avec quelque 800 demandes d'accréditations contre un peu plus de 500. Près de la moitié des shows seront accueillis dans le sud-ouest de Manhattan jusqu'à jeudi soir. Les défilés féminins suivront de peu, la semaine suivante.

«Le succès de la première Fashion Week pour homme a dépassé nos attentes», a indiqué à l'AFP Steven Kolb, qui dirige le Conseil des créateurs de mode américain (CFDA).

«Le soutien de la presse et des acheteurs locaux a été essentiel, tout comme celui de la communauté internationale du vêtement masculin», a noté Bruce Pask, directeur de la mode homme des magasins Bergdorf Goodman.

Cependant, il est trop tôt pour crier victoire, reconnaît M. Kolb, beaucoup restant à faire avant d'exister face aux mastodontes européens. «Nous n'en sommes qu'à notre deuxième saison et il nous reste à démontrer que notre action est digne de l'attention des journalistes et des acheteurs», explique-t-il.

Le calendrier de cette «semaine» de quatre jours n'a pas encore le chic du programme parisien ou milanais, mais il ne manque pas de panache. Parmi les grands noms, on retrouve Tommy Hilfiger, Michael Kors, Calvin Klein (collection capsule du soir), Theory mais aussi John Varvatos, arraché en juillet aux podiums italiens.

Dès lundi matin, une petite foule de blogueurs se pressait non loin du site officiel pour le New York Menswear Day, où une douzaine de présentations de designers émergents donnait le départ de la Fashion Week.

«C'est très excitant pour nous d'avoir gagné une plateforme ici à New York», se réjouit sur place l'Américain David Hart, jeune créateur d'une griffe aux coupes classiques et jazzy. «Tellement de choses fascinantes se produisent en ce moment dans la mode masculine, ça devient de plus en plus gros!», s'exclame-t-il dans une salle bondée et surchauffée, à deux pas de ses mannequins posant, un saxophone ou une trompette, à la main.

Nouvelles icônes du cool

Surfant sur la vague du streetwear branché, une nouvelle garde de designers ne manquera pas d'éveiller ensuite l'intérêt d'éditeurs de mode à la recherche des nouvelles icônes du cool, avec Public School bien sûr, John Elliott mais aussi le Californien Stampd, élu meilleur créateur masculin par le magazine spécialisé GQ en 2015.

Seront aussi surveillés, Duckie Brown, dont le show avait fait sensation en juillet, Greg Lauren, neveu de Ralph, absent des podiums new-yorkais cette saison, Siki Im et ses installations artistiques, Gipsy Sport (lauréat du prix Vogue/CFDA en 2015), Robert Geller, le spécialiste des costumes Joseph Abboud, Uri Minkoff et les Californiens Second/Layer ou Jeffrey Rüdes.

Certains manqueront toutefois à l'appel cette saison, dont le très suivi Thom Browne, resté à Paris, Rag & Bone, qui se contente d'un show mixte lors du calendrier féminin, et Michael Bastian, pourtant longtemps le chantre d'une Fashion Week homme.

Rien d'étonnant à cela, selon certains observateurs, selon qui cette «semaine» a souffert d'emblée d'un problème de calendrier.

Le choix du moment n'est pas terrible

«Le choix du moment n'est pas terrible cette saison: on est trop proches des shows européens», ce qui laisse peu de temps aux acheteurs et aux éditeurs de se déplacer pour assister aux défilés masculins. La priorité pour beaucoup reste encore d'assister aux shows féminins, a noté Vincenzo Gatto, qui enseigne au Fashion Institute of Technology (FIT). «D'autant que les salons professionnels du vêtement masculin à New York viennent de s'achever, et beaucoup d'acheteurs sont déjà repartis en Floride, dans le Midwest ou en Californie».

Pour cet expert du secteur, «l'initiative d'une Fashion Week dédiée à l'homme reste toutefois excellente»: les hommes ne sont plus «noyés dans la masse des shows de mode féminine», un secteur en moins forte croissance mais encore largement dominant. «Et cela permet à des petits créateurs et à l'innovation d'attirer l'attention» dans un monde du vêtement masculin en pleine explosion.