Je ne sais pas si c'est la faute de ce petit verre d'Aperol incongru en plein mois de janvier, venu donner à ce mercredi soir glacé un air de vacances inattendu. Ou peut-être est-ce la patience du maître d'hôtel florentin, Lorenzo, avec mon italien utilitaire. Ou encore la surprise de goûter des plats francs et juste bien faits. Ou peut-être était-ce la bonne humeur contagieuse de mes compagnes de table. Mais j'ai passé récemment au Fiorellino, une nouvelle table du Quartier international, un fort bon moment.

Rue De La Gauchetière Ouest, près de Saint-Alexandre, ce restaurant s'est installé un peu en retrait des couloirs les plus passants de ce coin de Montréal. On s'y rend parce qu'on y a rendez-vous, parce qu'on a envie de prendre un verre ou une bouchée. C'est le genre de lieu qui permet autant l'arrêt rapide après le boulot que le genre de longues soirées qu'on termine à la grappa, bien plus tard que prévu, enfoncé confortablement dans de grandes banquettes presque circulaires.

Le style de la décoration, signé par Jean-Guy Chabauty de chez Moderno, est difficile à définir mais différent de ce qu'on voit beaucoup, comme si le néo-rustique omniprésent avait voulu s'imbiber d'un esprit romain ou napolitain. On retrouve certains éléments post-industriels à la mode, mais interprétés avec des touches modernes façon années 70, comme ces motifs géométriques légèrement psychédéliques sur certains murs, où ces étalages de bouteilles italiennes d'Aperol colorées, le tout sous des plafonds vertigineux et toutes sortes de tuyaux apparents et même de vieux panneaux indiquant le nom des rues.

À table, le menu est totalement italien et, dans un coin de la cuisine ouverte, un four à bois couvert de tuiles, pour la pizza, produit de petites merveilles. Les propriétaires des lieux, qui possèdent aussi le restaurant Buonanotte sur Saint-Laurent, ont dit en entrevue qu'ils ne voulaient pas que leur restaurant soit considéré comme une pizzeria. Qu'importe. La pizza est résolument l'un des points forts de la cuisine pilotée par le chef Erik Mandracchia, un ancien d'Au Pied de cochon et du Bremner.

Pour notre repas, nous avons partagé toutes sortes de plats, dont une impeccable et moelleuse focaccia blanche au prosciutto, des linguines garnies d'un pesto d'amandes, de pecorino, de tomates cerises et de ricotta, une combinaison onctueuse, savoureuse. En assiette principale, la joue de boeuf braisée déposée sur un peu de polenta fondait tout simplement en bouche, riche et réconfortante. Gros coup de coeur pour la salade de pleurotes érigés, frais et charnus, en joli contraste avec du grana italien juste assez salé et corsé.

Seule déception : l'entrée de mérou cru qui manquait d'élégance malgré la belle qualité de l'huile d'olive utilisée un peu partout dans les plats.

À la fin du repas, le budino de ricotta au kaki confit offrait joliment de prolonger certaines saveurs acidulées et juste assez amères du temps des Fêtes, mais c'est le café, particulièrement serré et équilibré, comme on l'espère dans un bon restaurant italien, qui s'est imposé. Ici, on le sert avec un peu de lait monté et d'amaro, histoire de lui donner une personnalité. En italien, on dit corretto pour parler d'un café agrémenté d'alcool (« corrigé », en français). Parfois on oublie - et il est bon de se le faire rappeler - comment les classiques italiens tout simples sont franchement sympathiques.

Fiorellino

470, rue De La Gauchetière Ouest, Montréal

514 878-3666

Prix

Entrées entre 11 $ et 16 $. Plats entre 17 $ et 26 $. Table d'hôte du midi entre 17 $ et 26 $. Desserts entre 7 $ et 10 $.

Carte de vins

Pas très longue mais remplie de toutes sortes de crus, surtout italiens, de tous les prix.

Ambiance

Restaurant urbain pour adultes en quête de bonne cuisine italienne simple mais aussi d'ambiance un peu festive. Restaurant pour sortir. Bar où manger.

Service

Efficace et sympathique. Rythme parfois un peu rapide.

Plus

Tout ce qui sort du four à bois.

Moins

Un faux pas en entrée.

On y retourne ?

Oui, pour la pizza !

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Le style de la décoration, signé par Jean-Guy Chabauty de chez Moderno, est difficile à définir mais différent de ce qu'on voit beaucoup, comme si le néo-rustique omniprésent avait voulu s'imbiber d'un esprit romain ou napolitain.