«Audacieux!», «courageux!»: ce sont les mots qui reviennent le plus souvent pour parler de la nouvelle Série 1824 de Macallan. Exit le 10 ans, le 12 ans, le 15 ans et le 18 ans. Bienvenue aux dénominations Gold, Amber, Sienna et Ruby. Nous avons demandé à quelques personnes du milieu ce qu'ils pensaient de la nouvelle gamme de base de la «Rolls Royce du whisky».

Macallan a fait le pari de commercialiser ses nouveaux whiskies par couleur (toujours naturelle, donc sans ajout de caramel comme le font plusieurs marques) plutôt que par âge. Du Gold au Ruby, chaque expression est plus foncée et se veut plus riche et plus complexe que la précédente.

Avec l'explosion de la demande mondiale pour le single malt, plusieurs distilleries estiment que la mention d'âge est devenue trop contraignante. «Il y a 18 ans, les distilleries ne pensaient pas qu'il y aurait un jour un tel boom. La vérité, c'est que beaucoup d'entre elles manquent maintenant de stocks, explique Brian McQueenie, fondateur de l'entreprise montréalaise de dégustation de whiskies Ouidram.

«D'autre part, nous avons toujours tenu pour acquis que l'âge d'un whisky était un gage de qualité. Mais aujourd'hui, on découvre que certains whiskies arrivent à maturité plus vite que d'autres. Les gens commencent aussi à aimer le côté un peu plus brut, mordant, des jeunes whiskies. C'est une grande tendance en ce moment.»

La qualité des barriques

Par ailleurs, Macallan est reconnue pour la qualité de ses barriques. Alors qu'un fût de bourbon américain peut coûter une soixantaine de livres britanniques (une centaine de dollars canadiens, environ), les fûts de chêne américain et européen faits sur mesure pour Macallan, tous «assaisonnés» au xérès, valent 650 livres la pièce (un peu plus de 1000$). On comprend mieux pourquoi ils voudraient mettre cet élément essentiel du vieillissement de leur whisky de l'avant.

«Nous avons une très grande palette de couleurs chez Macallan grâce à ces fûts», déclare Joy Elliott, ambassadrice de la marque à l'international.

«Cela dit, ça prend du vieillissement pour obtenir le côté onctueux et soyeux du Ruby, dont l'âge moyen sera néanmoins de 20 ans, poursuit Marc Laverdière, ambassadeur canadien pour Macallan. Mais il y a des barriques de 16 ans, même de 12 ans qui ont ce côté onctueux.»

La nouvelle gamme de Macallan a été conçue pour correspondre le mieux possible aux produits qui disparaîtront des tablettes. M. Laverdière met l'accent sur le contexte dans lequel chaque whisky devrait être bu. Le Gold, avec ses notes d'agrumes, s'avère excellent à l'apéro ou sur une terrasse l'été, et remplace très bien le 10 ans. Amber, avec ses notes de caramel et d'épices, pourrait être délicieux à table, sur un foie gras par exemple, tandis que Sienna et Ruby font un excellent digestif.

La sommelière Elyse Lambert salue la philosophie différente et novatrice que Macallan met de l'avant. «Le fait de ne plus nécessairement associer la qualité du produit à l'âge, à la durée d'élevage sort le consommateur de sa zone de compréhension du whisky. Il lui fera penser les choses différemment. C'est plutôt excitant.»

Au début, le sommelier ou le barman devra travailler davantage pour expliquer la nouvelle gamme à ses clients, croit-elle. «Pour la comprendre, il faudra peut-être les goûter côte à côte, proposer des dégustations. La différence de prix est importante entre les quatre produits. Il faut que le consommateur comprenne pourquoi.»

Bien évidemment, Macallan continuera de lancer de vieux whiskies de 25 ans, 30 ans, voire plus, en quantités limitées.

Amber est déjà en vente à la SAQ (93,25$). Gold (65$) et Sienna (175$) suivront sous peu.