La production de vin en France est attendue en hausse de 11% cette année par rapport à 2012, où la récolte avait été historiquement basse, et devrait retrouver ses niveaux moyens des années précédentes, selon des prévisions d'Agreste établies au 1er août.

La production devrait ainsi atteindre 45,8 millions d'hectolitres en 2013, en hausse de 11% sur un an et de 1% par rapport à la moyenne des récoltes ces cinq dernières années, selon un communiqué publié jeudi.

Ces estimations ne prennent toutefois pas en compte les dégâts considérables dans le vignoble bordelais de l'Entre-deux-Mers, touché par de violents orages de grêle la semaine dernière. Elles intègrent en revanche les pertes estimées dans les vignobles de la côte de Beaune, frappés eux aussi par la grêle fin juillet.

La production des vins d'appellation est attendue en hausse de 5% par rapport à 2012, et celle des vins pour eaux-de-vie (incluant le Cognac et l'Armagnac), de 18%, précise le service statistique du ministère de l'Agriculture.

«Malgré de belles sorties de grappes initiales, la floraison de la plupart des vignobles de taille importante s'est mal déroulée à cause de ces conditions météorologiques défavorables, conduisant aux phénomènes de coulure (chute des fleurs ou des jeunes baies) et parfois de millerandage (baies de petite taille)», relève Agreste.

Un rattrapage sur les baies restantes reste néanmoins possible et pour cela, les conditions météo à venir seront déterminantes, ajoute-t-il.

Grâce aux températures élevées de juillet, les vignobles ont comblé une partie de leur retard végétatif, désormais limité à une ou deux semaines.

Par région, les situations s'annoncent contrastées.

Dans le Bordelais (hors derniers épisodes de grêle), la récolte est attendue en repli de 8% par rapport à 2012 et de 12% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, à 5,025 millions d'hectolitres. «La coulure et le millerandage se révèlent importants, principalement sur Merlot».

En Bourgogne et Beaujolais, la production devrait progresser de 25% sur un an à 2,264 millions. Mais comparé à la moyenne des dernières années, la récolte s'annonce en baisse de 2%. «En Bourgogne, la coulure est importante, notamment sur les Chardonnays en Côte-d'Or et Saône-et-Loire. De gros dégâts de grêles ont impacté à des degrés divers environ 1500 ha en Côte-d'Or», commente Agreste.

En Champagne, la floraison s'est bien déroulée en juillet, peu de maladies ont été observées. Résultat: une récolte attendue en hausse de 56% par rapport à 2012 et de 16% par rapport aux cinq dernières récoltes, à 3,097 millions d'hl.

Même scénario en Charentes où, malgré des situations contrastées, «dans l'ensemble, le vignoble est sain, aidé par les températures très élevées». La production devrait donc progresser de 20% sur un an et de 11% par rapport aux dernières années, à 9,140 millions d'hl.

En Languedoc-Roussillon, région numéro un en terme de volumes de production, la récolte est attendue en hausse de 11% (+4% sur cinq ans) à 13,3 millions d'hl. «La coulure s'avère être marquée», surtout dans le Gard et l'Aude.

Enfin en Corse, «le potentiel de production s'annonce pour l'heure prometteur» (+5% sur un an et sur cinq ans à 321 000 hl). En revanche, dans les autres vignobles du Sud-Est, la récolte devrait reculer de 9% et de 14% sur cinq ans, à 4,436 millions d'hl.

Les vignobles français touchés par des orages de grêle, le cru 2013 affecté

Grands vins de Bourgogne, petits vins de Bordeaux et Beaujolais victimes des intempéries: des orages de grêle ont durement frappé ces dernières semaines les vignes en France, au risque d'affecter la production 2013 de la France, premier producteur mondial de vin.

Côte de Beaune, Pommard, Volnay, en Bourgogne, Entre-deux-Mers, Côte de Castillon dans le Bordelais, Vouvray et Beaujolais: des milliers d'hectares de vignobles, certains prestigieux, ont été touchés. La grêle a toutefois épargné les grands Bordeaux, le Champagne et les grands crus d'Alsace.

Les vagues d'orages accompagnés de grêle qui, depuis juillet, ont successivement balayé la France, ont causé d'importants dégâts. Le plus lourd tribut a été payé par les viticulteurs de petites appellations de Bordeaux, Bordeaux supérieur, Entre-deux-Mers, Côtes de Castillon.

Dans la nuit de vendredi à samedi, sur les 37 000 hectares touchés dans cette région du Bordelais par un violent orage de grêle, environ 7000 ha de vignobles auraient subi des pertes de l'ordre de 80 à 100%.

«Le territoire impacté est très vaste et des propriétés entières sont dévastées et ont quasiment tout perdu», dit Bernard Farges, président du Comité interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). Pour lui, les 300 à 400 viticulteurs touchés ne pourront pas compenser le manque à gagner, car «la récolte 2013 est faible en raison des difficultés de floraison en juin».

Le vignoble de Bergerac a été touché par ce même épisode orageux, notamment au niveau de cinq communes, représentant une vingtaine de vignerons. «Dans cette zone, certains ont été fortement touchés, autour de 80 à 100% et d'autres dans une moindre mesure», selon Pierre-Henri Cougnaud, directeur de la Fédération des Vins de Bergerac.

Quelques jours plus tôt, c'est le Beaujolais qui avait été touché, soit une centaine d'hectares sur les 17 000 que compte l'appellation.

Auparavant, des orages de grêle avaient causé de gros dommages en Bourgogne. Ainsi, dans la prestigieuse appellation côte de Beaune, entre 1700 et 2000 hectares ont été touchés, soit entre 35% et 40% du vignoble et les parcelles, détruites de 10 à 100%, selon les zones. Les régions de Pommard et Volnay avaient également subi d'importants dégâts.

Dans les vignes, une dizaine de jours après la grêle, les «dégâts sont bien visibles». Des parcelles sont touchées à «80, 85 voire 95%», selon le président du syndicat d'appellation de Volnay, Thiébaut Hubert.

Un bilan exhaustif ne pourra cependant être dressé qu'en septembre, le temps d'évaluer la capacité de récupération des ceps touchés.

«Cela retarde les vendanges, qui ne devraient pas commencer avant le 28 septembre, mais ce qui va être déterminant maintenant, c'est la météo de septembre. Il faudrait un vent du nord et de l'ensoleillement», souligne M. Hubert, ajoutant qu'elles seront «plus longues en raison du tri à faire dans les grappes».

Pessimiste, Caroline Chenu, présidente du syndicat des vignerons de Savigny-lès-Beaune, affirme qu'«il faudra deux ans pour retrouver des bois qui ne seront pas abîmés» car «en 2014, ça va casser et on ne va pas faire une belle récolte».

Mi-juin, des orages de grêles avaient endommagé quelque 200 à 250 ha de Cahors et causé aussi de considérables dégâts dans le vignoble de Vouvray en Touraine.

Le Champagne pour sa part s'en sort bien : «les intempéries n'ont causé que quelques dégâts localisés», et le rendement devrait être normal, selon David Lorzon, directeur de la communication du comité interprofessionnel du vin de Champagne.