Le millésime 2012 des vins liquoreux de Bordeaux, marqué par l'absence d'Yquem qui a déploré une «excellence insuffisante», est néanmoins jugé positivement par les autres châteaux même si une faible quantité de vin sera produite.

«Notre philosophie est de faire le plus grand vin possible dans un millésime donné, mais pas le plus grand vin dans l'absolu, et 2012 restera comme une faible récolte, la plus petite historiquement pour château Guiraud», indique le copropriétaire de ce 1er grand cru classé de Sauternes, Xavier Planty.

Selon lui, ce millésime 2012, «qui vient après une trilogie historique 2009, 2010, 2011, a permis de goûter de très belles choses» car «dans un grand terroir il est toujours possible de sortir quelque chose».

«2012 était une année de vigneron», estime de son côté Philippe Dejean, propriétaire du château Rabaud-Promis, 1er grand cru classé de Sauternes, qui avoue avoir été «surpris par la qualité et l'absence de défaut» de ce millésime 2012. Celui-ci a été marqué par une météo humide lors des vendanges des raisins confits, attaqués par la pourriture noble, le botrytis.

Également président de l'Union des grands vins liquoreux regroupant 11 AOC, et également appelés Sweet Bordeaux, M. Dejean dit avoir goûté lors d'une dégustation jeudi «des vins droits, nets, équilibrés, avec un côté aromatique développé, des vins plaisir facile à boire».

Ce dernier craint une mauvaise image à l'étranger après les renoncements d'Yquem ou du 1er grand cru classé, château Rieussec, propriété des Domaines Baron de Rothschild. Il rapporte «l'interrogation de journalistes anglais qui se demandent comment d'aussi prestigieuses propriétés peuvent être dans l'incapacité de produire la moindre quantité de premier vin».

«Le coup médiatique est passé», souffle-t-il, tandis que M. Planty déplore qu'«il n'y ait pas un importateur américain qui imagine acheter du 2012» après l'annonce mi-décembre d'Yquem, dont le principal actionnaire est LVMH.

C'est sur le terroir de Barsac, «grâce à des terres plus froides et la chance de trois jours de vent intense qui ont permis un séchage rapide des grappes sur une botrytisation uniforme», que les liquoreux 2012 seront les meilleurs, estime le copropriétaire du 1er grand cru classé château Coutet, Philippe Baly.

«Même s'il sera perçu négativement par les néophytes, 2012 n'aura pas à pâlir qualitativement», assure-t-il, reconnaissant également avoir effectué «le quart d'une récolte normale».