Marc Bergevin se plaît à dire qu'une équipe n'a jamais trop de défenseurs et que c'est un atout d'en compter autant. Mais ce surplus d'arrières a déjà fait une victime en Jarred Tinordi, et c'est à se demander s'il n'est pas en train d'en faire une deuxième.

Greg Pateryn ronge en effet son frein. Le défenseur droitier n'a disputé que 4 des 29 derniers matchs de son équipe, regardant les 25 autres du haut de la passerelle. Et cela survient après qu'il a aussi été retranché de la formation lors des 17 premières rencontres.

C'est donc dire que Pateryn n'a disputé que 11 des 54 premiers matchs de la saison de son équipe.

«C'est une question d'habitudes de travail et d'attitude. Évidemment, c'est une situation difficile, a admis Pateryn, rencontré la semaine dernière après un entraînement du Canadien. Mais j'essaie de travailler sur mes habiletés. Les autres se préparent pour le match, mais moi, je dois être prêt pour ce qui se présentera, peu importe ce que c'est. Je dois travailler fort sur la glace, au gymnase avec Pierre Allard [le préparateur physique]. Il fait tout un travail.»

Dommageable à long terme?

Le cas de Tinordi a mis en lumière un problème qui guette le Canadien: un joueur qui ne joue pas perd inévitablement de la valeur, tant sur la patinoire que comme monnaie d'échange.

Dans le cas de Tinordi, les rumeurs voulaient que le CH ait cherché au moins un choix de deuxième tour. Bergevin a finalement obtenu Victor Bartley, un défenseur de 27 ans qui joue maintenant à St. John's.

Dans le cas de Pateryn, ses dernières performances laissent croire que les longues périodes d'attente ne lui ont pas été bénéfiques. Il a terminé chacune de ses quatre dernières sorties avec une fiche de -1, et n'a pas revu d'action depuis qu'une de ses bévues a mené au but gagnant des Penguins de Pittsburgh, le 9 janvier dernier.

Comme le Canadien craint de le perdre au ballottage en le cédant dans la Ligue américaine, Pateryn est pris à sauter son tour et à faire des exercices supplémentaires sur la patinoire après les entraînements pour garder la forme. Une telle situation peut-elle être dommageable pour son développement à long terme?

«Si on le regarde ainsi, ça peut être le cas. Mais peu importe, je sais de quoi je suis capable, affirme le numéro 6. Ça me prendra peut-être quelques présences quand je vais revenir au jeu, mais en général, je sais de quoi je suis capable. L'important, c'est l'aspect mental, c'est de ne pas douter de tes capacités.» 

«Je sais que j'ai ma place dans cette ligue, je peux jouer ici et je peux faire la différence sur la patinoire.»

«Pateryn a eu des opportunités de jouer auparavant, a indiqué Michel Therrien après l'entraînement d'hier. Il est encore dans sa période de développement, mais nous nous retrouvons dans une situation où nous devons y aller avec certains joueurs. [Tom] Gilbert est maintenant de retour au jeu.

«Les règlements sont faits ainsi. Certains joueurs dans la LNH se retrouvent dans un entre-deux. Comme organisation, tu ne veux pas perdre tes atouts. C'est à lui de rester patient, de s'entraîner et de garder une bonne attitude. Il finira par jouer, mais présentement, c'est la situation.»

En attendant, Pateryn prend son mal en patience, comme ç'a été le cas hier. Il était l'un des quatre patineurs à participer à l'entraînement optionnel. Mais il dit ignorer ce que Therrien a en tête à son sujet, puisque les communications ne semblent pas très fluides.

«Non, Michel ne m'a pas vraiment rien dit. Par contre, les entraîneurs adjoints me parlent parfois, ils s'assurent que je reste positif. Je continue à travailler et, par mon attitude, je veux montrer que je reste positif.»