L'équipe junior finlandaise a causé la surprise en battant l'équipe canadienne aux derniers championnats du monde junior et en remportant la médaille d'or. Comment un si petit pays, six fois moins populeux que le Canada, peut-il produire d'aussi surprenants résultats? Qu'est-ce qui explique un tel succès?

Ils ont 15 ans, ils sont les meilleurs de leur groupe d'âge et ils patinent à fond de train en ce samedi matin de septembre, à l'aréna de la rue Eskontie. Et comme tous les joueurs d'élite de la planète, ils rêvent d'atteindre un jour la Ligue nationale de hockey (LNH).

Bien sûr, seule une infime minorité des joueurs de cette ligue de niveau U16 réalisera peut-être ce rêve un jour, mais depuis les derniers tournois internationaux d'envergure, bien des parents finlandais osent y croire.

Rappelez-vous, c'était le 5 janvier dernier, la Finlande gagnait la finale du tournoi junior annuel contre la Suède, après avoir lessivé le Canada 5 à 1 la veille. Quelques semaines plus tard, c'était au tour de l'équipe olympique finlandaise de surprendre, en obtenant une médaille de bronze grâce à des victoires contre la Russie et les États-Unis. Ces succès ont frappé l'imaginaire.

Comment un si petit pays, six fois moins populeux que le Canada, peut-il produire d'aussi surprenants résultats? Qu'est-ce qui explique de tels succès? Les réponses sont nombreuses. «Nous n'avons pas les meilleurs joueurs pris individuellement, mais nous avons les meilleurs entraîneurs et nous pouvons gagner en jouant en équipe», soutient Timo Bäckman, directeur général de l'Association finlandaise de hockey sur glace.

De l'enfance jusqu'au niveau professionnel, les joueurs d'une région gardent le même nom d'équipe, le même logo et la même organisation. À Turku, par exemple, l'équipe locale s'appelle le TPS tant pour les joueurs de 8 ans que pour les pros, créant un sentiment d'appartenance. À partir de 16 ans, les tournois internationaux sont nombreux et les joueurs apprennent à se connaître intimement. C'est dans cet environnement qu'a évolué Saku Koivu, le plus illustre joueur de l'organisation de Turku et ex-capitaine du Canadien de Montréal.

En Finlande, le hockey compétitif a été intensifié depuis bien plus longtemps qu'au Québec. Dès l'âge de 12 ans, les joueurs de premier niveau s'exercent jusqu'à six fois par semaine, sur glace et hors glace. Au Québec, un rythme d'entraînement comparable s'est répandu partout seulement il y a cinq ans (auparavant, il y avait deux entraînements par semaine). Et le hockey n'est pratiqué ici que neuf mois par année, contre douze mois en Finlande.

«Presque tous les arénas sont ouverts à l'année en Finlande. Les jeunes jouent environ une partie pour six pratiques. C'est exigeant», nous explique Rami Savolainen, gestionnaire de cette équipe U16 du TPS Turku, qui pourrait s'apparenter au Midget Espoir. Le hockey n'est pas directement lié à des organisations scolaires, précise M. Savolainen.

Professionnalisation des entraîneurs

Autre différence: la rémunération du personnel. En Finlande, une plus grande proportion des entraîneurs est rémunérée. Le Québec se dirige dans cette voie avec la récente intensification du hockey de premier niveau, explique le directeur général de Hockey Québec, Sylvain Lalonde.

«Au Québec, le hockey a été développé sur une base de bénévolat. La "professionnalisation" du réseau et du personnel s'est répandue progressivement il y a environ cinq ans avec les programmes de Sport-études. Et les entraîneurs commencent à être payés à un certain niveau», explique-t-il.

Sylvain Lalonde estime que le budget consacré par la Finlande au hockey d'élite est plus important qu'au Canada, toute proportion gardée. Dans les faits, il n'est pas clair que ce soit le cas, selon nos vérifications.

Chose certaine, la facture est plus salée pour les parents finlandais. En moyenne, ils doivent verser environ 425 $ par mois, soit plus de 5000 $ par année, nous indique Rami Savolainen. En comparaison, le programme d'excellence de Hockey Québec coûte environ 3500 $ par année.

Malgré la grande popularité en Finlande, le bassin de joueurs demeure inférieur à celui du Québec et du Canada. Cette année, il y a 39 300 joueurs d'âge mineur en Finlande, toutes catégories confondues, contre 105 000 au Québec et 435 000 au Canada anglais. Autrement dit, il y a 7,1 joueurs par tranche de 1000 habitants en Finlande, contre 12,8 au Québec et 15,9 dans le reste du Canada.

Normalement, le bassin plus grand de joueurs devrait favoriser le Canada dans les compétitions internationales. Mais les résultats mitigés du Canada ces dernières années ont forcé l'organisation à concentrer ses forces. Depuis l'an dernier, le Canada forme désormais trois équipes d'élite de joueurs de moins de 17 ans pour les compétitions internationales, plutôt que cinq. Il n'y a plus d'équipe du Québec. Les pays européens comme la Finlande et la Suède ont chacun une équipe.

Les dirigeants canadiens espèrent que cette concentration finira par améliorer l'ultime équipe junior canadienne des moins de 20 ans et par redonner au Canada une médaille d'or. Il est probablement trop tôt pour en voir pleinement les résultats cette année, cependant.

Pour le savoir, il faudra mettre les semaines du 26 décembre au 5 janvier à son horaire. Le Canada jouera sa première partie le 26 décembre au Centre Bell contre la Slovaquie. L'équipe canadienne rencontrera les tenants du titre, la Finlande, le 29 décembre, également à Montréal. Les paris sont ouverts.