Marc Bergevin disait depuis plusieurs semaines que rien ne pressait dans le dossier de l'entraîneur des gardiens du Canadien. À la lumière de l'embauche de Stéphane Waite, annoncée jeudi matin, il semble bien que le DG n'attendait que le moment de lui faire une offre.

Le contrat de Waite avec les Blackhawks de Chicago arrivait à échéance le 30 juin et dès le lendemain, Bergevin a communiqué avec son homologue Stan Bowman pour l'aviser de son intention de parler à Waite. Une rencontre avec ce dernier a été organisée à Montréal mercredi et une offre de contrat de trois ans a été déposée dans les heures qui ont suivi.

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«Je m'attendais à ce que ce soit beaucoup plus long que ça, mais le Canadien a prouvé qu'il me voulait», a indiqué le successeur de Pierre Groulx.

Pour Waite, dont la famille pensait depuis des années à rentrer au Québec de façon à «rester proche de ses racines», l'offre ne pouvait pas mieux tomber.

«Les Hawks ont fait ce qu'ils avaient à faire, mais en bout de ligne c'était une décision familiale, a-t-il indiqué. Ce n'était pas une question d'argent. J'aurais pu retourner voir les Hawks et leur demander d'égaler l'offre. Ils l'auraient peut-être bonifié.

«Mais le timing est parfait, le défi est extraordinaire et le futur ici est incroyable.»

Le fait que Bergevin et Waite se soient connus dans l'organisation des Blackhawks facilitera d'autant plus la transition. Waite dit également connaître Michel Therrien depuis des années même si les deux hommes n'ont jamais travaillé ensemble.

«Nous sommes heureux de pouvoir compter sur son expertise, sa vaste expérience et sa connaissance de notre marché et nous sommes convaincus que nos gardiens de but bénéficieront grandement de son travail et de son approche», a indiqué Bergevin dans un communiqué.

Il s'agit d'une belle prise pour le Tricolore, surtout que Stan Bowman a confié à La Presse, la fin de semaine dernière, qu'il fallait s'attendre à ce que Waite demeure à Chicago, où il était à l'emploi des Hawks depuis dix ans.

Il aura aidé les gardiens Antti Niemi, puis Corey Crawford, à mettre l'épaule à la roue dans deux conquêtes de la Coupe Stanley en quatre ans chez les Hawks.

Waite a d'ailleurs eu les yeux pleins d'eau quand il a évoqué la fin de sa collaboration avec Crawford. Il travaillait avec le gardien québécois depuis que celui-ci a 15 ans.

«Ça a été un petit choc, c'est moi qui le lui a appris, a confié Waite. Il était surpris et il m'a dit que j'allais lui manquer beaucoup... Mais c'est la business, il faut savoir passer à autre chose.»

Waite a des idées pour Price...

Dès qu'il était devenu clair que Pierre Groulx ne serait pas de retour avec le Tricolore, le nom de Waite s'était mis à circuler.

«On m'a posé plusieurs questions pendant les séries mais je ne voulais pas me laisser distraire, a admis le Sherbrookois. La Coupe Stanley était la chose la plus importante.» 

Mais lors du repêchage, au moment où le Canadien a sélectionné Zachary Fucale en deuxième ronde, Waite s'est surpris à penser qu'il aurait peut-être l'occasion de travailler avec lui.

Mais pour le moment, c'est surtout sur le cas de Carey Price qu'il devra se pencher.

«Il a tellement de talent, ça va être le fun, a indiqué Waite. C'est un gagnant, il l'a prouvé avant, et on va s'arranger pour qu'il le prouve de nouveau.

«J'ai une petite idée de ce que je veux faire avec lui. Ce ne sont pas de gros changements car Carey est déjà l'un des bons gardiens de la ligue. Je ne suis pas ici pour le changer de A à Z. Je vais travailler autour de ses qualités et ce sera la même chose avec Peter Budaj.»

Entre la technique et les instincts

Waite a donné une bonne idée des principes qui le guidaient dans son travail d'entraîneur des gardiens. En premier lieu: il n'imposera pas à ceux-ci des choses avec lesquelles ils ne se sentent pas à l'aise.

«C'est la pire chose à faire avec des gardiens de but, soutient-il. Quand les choses sont claires dans la tête d'un gardien, son temps de réaction est bien meilleur. S'il n'est pas certain parce qu'il pense à une chose et son entraîneur pense à autre chose, ça crée une hésitation.»

Waite dit également croire beaucoup au renforcement positif.

«Mes montages vidéo sont constitués de 70 % de choses que le gardien fait bien et de 30 % de choses à corriger. Le gardien doit voir à quel point il peut être bon. Ça bâtit la confiance.»

Finalement, il dit rechercher un bon équilibre entre un style agressif et un style qui permet de rester en contrôle et de se laisser frapper par la rondelle.

«J'aime un gardien qui est techniquement très bon, ce qui est déjà le cas avec Carey, soutient Waite. Mais j'aime aussi un gardien qui est capable de sortir de sa technique, en ce sens qu'il ne sera pas un robot et qu'il sera capable d'utiliser son instinct. Plusieurs gardiens dans la ligue sont devenus trop techniques et perdent un peu de leur instinct et de leur capacité à réagir...»