Le vide créé en plongeon par les départs à la retraite d'Émilie Heymans et d'Alexandre Despatie sera vite comblé par une relève florissante au Québec, comme on le constate aux Jeux du Canada.

Éloïse Bélanger, Philippe Gagné, Vincent Riendeau sont des noms qui deviendront familiers des amateurs de sport au cours des prochaines années. Et il y en a d'autres qui poussent.

«On a une très belle relève, des jeunes qui travaillent fort et qui ont été inspirés par Émilie et Alexandre, note l'entraîneur de l'équipe québécoise à Sherbrooke, Stéphane Lapointe. Ils les ont côtoyés, les ont vus évoluer. Ça leur a permis de voir quel parcours les attend.»

Bélanger, âgée de 18 ans, et Gagné, 15 ans, sont déjà doubles médaillés d'or des Jeux de Sherbrooke, avant les deux dernières épreuves. Riendeau, 16 ans, a remporté la médaille d'argent à la tour.

Tous trois représentent de beaux espoirs en vue des Jeux olympiques de Rio, dans trois ans. Ils savent que les comparaisons avec Heymans et Despatie sont inévitables, et ils sont déjà bien préparés à répondre aux questions sur le sujet.

«C'est «cool» de voir qu'on est la prochaine génération de plongeurs de haut calibre au Québec et au Canada, dit Riendeau, de Beaconsfield. Mais il y a beaucoup de pression parce qu'on suit Alexandre Despatie. On regarde tout ce qu'il a accompli, et on se demande si on peut faire ça nous aussi. Mais il ne faut pas s'arrêter à ça, et se concentrer sur ce qu'on peut faire.»

Gagné, de Mont-Royal, ajoute quant au statut d'héritier de Despatie: «J'essaie de suivre ses traces un peu, mais en même temps, j'essaie de faire mon propre chemin et je verrai où ça m'amènera».

Toutes comparaisons sont injustes, de toute façon, quand on considère que Despatie était déjà une vedette à sa première présence aux JO à l'âge de 15 ans, en 2000.

«Chacun trace sa propre voie, renchérit Lapointe. Alexandre en a emprunté une, et eux vont suivre la leur pour arriver au même endroit, peut-être. L'avenir le dira.

«Ce sont de bons athlètes, déterminés à atteindre leurs objectifs. On n'a pas fini d'entendre parler d'eux, argue-t-il. Éloïse a connu beaucoup de succès chez les juniors et les deux garçons font déjà leur marque chez les seniors. C'est très impressionnant pour leur âge.»

Curieusement, tous trois disent ne pas être des «créatures» de Heymans et de Despatie, que ce ne sont pas les prouesses des deux champions qui les ont incités à pratiquer le plongeon.

«J'ai commencé à la piscine municipale, raconte Bélanger, une Montréalaise de l'arrondissement Rosemont. Il y avait des tremplins et je voulais essayer. Mais, à l'époque, on n'avait pas le droit de plonger avant l'âge de sept ans. Je vous dis qu'à l'été de mes sept ans, je me suis payé la traite!»

C'est quand le plongeon est devenu sérieux que les trois ont côtoyé quelque peu Heymans et Despatie.

«Ils n'hésitaient jamais à nous aider et à nous refiler des trucs, souligne Bélanger. Moi, la chose la plus remarquable que j'ai retenue d'eux, c'est la détermination et la concentration qu'ils affichaient à l'entraînement. Ils étaient toujours concentrés sur ce qu'ils devaient faire.»

Gagné est l'aîné d'une famille de plongeurs. Il dit de sa soeur Catherine, 12 ans, et de son frère Frédéric, neuf ans, qu'ils ont «beaucoup de potentiel».

«Ma mère a même essayé de pratiquer le plongeon. Mais l'expérience n'a duré que quelques mois. Mon père, lui, je pense qu'il n'aime pas l'odeur du chlore», lance-t-il à la blague.