Guillaume Boivin voyait sa première saison sur le circuit World Tour comme une audition. Il faut croire qu'il a bien tenu son rôle, puisque Cannondale vient de reconduire son contrat pour une autre année.

Malgré l'assurance morale de ses patrons, qui lui avaient dit, au milieu de l'été, de dormir tranquille, Boivin avait bien hâte de signer cette nouvelle entente. La disparition de quatre formations majeures, dont deux du World Tour, a mis à la rue plusieurs coureurs de qualité qui ne savent toujours pas où ils évolueront l'an prochain.

«Depuis avant le début du Tour de France, ils me disent de ne pas m'en faire avec ça, a raconté Boivin hier. Mais la saison continuait et je n'avais pas vu le boss face à face. J'ai l'impression qu'il attendait juste qu'on se voie, mais c'est toujours stressant tant que tu n'as pas un contrat physique entre les mains.»

La signature est récente, mais l'affaire s'est réglée à la mi-septembre au cours d'un tête-à-tête en marge des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal, où Boivin a conclu sa saison. Le directeur général de l'équipe, Roberto Amadio, a alors exprimé sa satisfaction quant aux efforts et à la progression du cycliste québécois de 24 ans.

Boivin voit cette nouvelle entente comme son «premier vrai contrat au niveau World Tour». En 2013, son salaire était assuré par SpiderTech, l'ancienne formation pro continentale canadienne qui avait décidé d'honorer ses engagements malgré sa disparition soudaine. «On pourrait dire que c'est mon premier contrat World Tour légitime, a résumé le Montréalais. Je l'ai mérité. L'équipe voulait me ravoir parce que j'ai fait un bon travail. C'est quand même une fierté.»

Hugo Houle est l'autre coureur québécois qui détient un contrat World Tour pour l'an prochain. Il s'est entendu avec AG2R La Mondiale jusqu'en 2015. Houle et Boivin, deux bons amis, souhaitent d'ailleurs s'installer ensemble en Europe.

Il a graduellement retrouvé le plaisir de courir

Après une première moitié de saison difficile, que Boivin attribue à une préparation hivernale trop axée sur le simulateur de route, il a graduellement retrouvé la forme et le plaisir de courir, au point de recevoir une invitation pour la Vuelta, son premier grand tour. Il attribue sa sélection à sa volonté de s'intégrer à un groupe au sein duquel les places pour les grands tours sont chèrement gagnées. Ce n'est pas un hasard s'il s'est mis à l'italien.

Cette première expérience s'est malheureusement terminée à la 10e étape après une grave chute lors du départ neutralisé. «Je suis vraiment fier de la forme dans laquelle je suis arrivé là, a-t-il analysé. J'étais capable de faire mon travail sans trop souffrir.»

Après un premier stage d'entraînement, à la fin du mois de novembre, il envisage de passer du temps dans le sud des États-Unis pour rouler à l'extérieur. Son premier objectif est de se tailler une place dans l'équipe des classiques flandriennes, où Peter Sagan voudra confirmer son immense potentiel. Il espère ensuite participer à son deuxième grand tour.

Propriété de la multinationale québécoise Dorel, l'équipe cycliste Cannondale est reconnue pour avoir repêché et développé plusieurs des meilleurs coureurs au monde (Sagan, Vincenzo Nibali, Roman Kreuziger). En 2014, l'équipe italienne accueillera dans ses rangs le jeune phénomène Matej Mohoric, champion mondial U23, et Davide Villella, auteur de deux podiums la semaine dernière en Italie. Guillaume Boivin, médaillé de bronze des Mondiaux U23 (2010), semble être tombé au bon endroit.