Les contrôles positifs de Tyson Gay et d'Asafa Powell à trois semaines des Mondiaux de Moscou (10-18 août) montrent que le grand ménage se poursuit dans l'athlétisme, un sport qui reste énormément marqué par le dopage au point de devoir sans cesse réécrire ses palmarès.

Avec deux gros poissons comme Gay et Powell, les 2e et 4e meilleurs performeurs de tous les temps sur 100 m, un nouveau coup de tonnerre vient frapper la discipline reine des Jeux olympiques.

Il y a deux ans avant les Mondiaux-2011 de Daegu (Corée du Sud), c'est le Jamaïcain Steve Mullings, alors au sommet de sa carrière (9,80 sur 100 m), qui s'était fait prendre à un produit masquant et interdit à vie de compétition puisqu'il avait déjà été sanctionné en 2004 (testostérone).

Avant ceux de Berlin en 2009 où Usain Bolt - avec 9 sec 58, le record du monde -, et Tyson Gay -en 9 sec 71- firent exploser les chronos sur 100 m, quatre autres Jamaïcains, dont Yohan Blake, le futur champion du monde 2011 du 100 m, avaient été contrôlés positifs à un stimulant, la méthylhexanamine et écopé au final de trois mois de suspension.

En 2003, avant les Mondiaux de Paris, l'Agence antidopage américaine (Usada) avait soulevé le couvercle de ce qui allait devenir l'affaire Balco, dans laquelle se sont noyées Marion Jones et Tim Montgomery, alors figures de proue du sprint américain.

Hasard ou coïncidence, le 100 m cette année-là reste à ce jour le plus lent de l'histoire, avec Kim Collins vainqueur en 10 sec 07/100e, le même chrono qui avait sacré Carl Lewis en 1983.

Réanalyses et passeport biologique

«La crédibilité de notre programme antidopage, et de notre sport l'athlétisme, est renforcée, et non diminuée, chaque fois que nous sommes capables de mettre au jour un nouveau cas», a souligné la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) lundi.

Si les contrôles de Gay et Powell ont été diligentés par l'Usada et l'Agence antidopage jamaïcaine (JADCO), la Fédération a renforcé elle-même son propre arsenal antidopage avec les réanalyses d'échantillons et le passeport biologique depuis la fin 2010, qu'elle a vraiment lancé à Daegu l'été suivant, en soumettant alors les quelque 2000 participants à des tests sanguins.

La Fédération internationale a beau ne pas faire l'autruche face aux problèmes de dopage, la grande disparité géographique de ses athlètes représente pour elle un défi.

Réaliser des contrôles inopinés dans certaines parties du globe demeure une mission difficile et coûteuse pour ce sport universel par excellence, beaucoup plus que pour le cyclisme, autre sport profondément entaché par le dopage, mais dont le bassin de population est plus réduit.

Quatre podiums des JO-2004 chamboulés

La ruée vers l'or attise les tentations comme le montrent les dernières éditions des Jeux olympiques, où la grande majorité des cas de dopage recensés avant et pendant concernait l'athlétisme.

Aux JO de Londres, la seule médaille d'or retirée fut celle de la lanceuse de poids bélarusse Nadzeya Ostapchuk. Mais la Turque Asli Cakir Alptekin, sacrée sur 1500 m, pourrait rendre aussi la sienne sous peu, après avoir été convaincue de dopage à partir des anomalies de son passeport sanguin.

Durant l'hiver, le Comité international olympique (CIO) a revu pas moins de quatre podiums des JO-2004 en athlétisme, édition déjà record en terme de contrôles positifs, après avoir repassé les fioles de l'époque au crible des nouvelles méthodes de détection.

Huit ans plus tard, l'Américain Adam Nelson vient de recevoir l'or du lancer du poids, à la place de l'Ukrainien Juri Belonog.

Deux autres médailles n'ont même pas été réattribuées au suivant, dont celle d'argent du lancer du marteau retirée au Bélarusse Ivan Tikhon, multirécidiviste des infractions antidopage.

Quelques mois après les Jeux de Pékin en 2008, Rachid Ramzi avait été aussi déchu de son titre du 1500 m masculin, la première médaille d'or que le Bahreïn croyait avoir décrochée.