Auréolée de son titre de joueuse internationale de l'année 2014 après ses exploits à la Coupe du monde de rugby à quinze, Magali Harvey n'a pas eu tout cuit dans le bec à son retour dans l'équipe canadienne de rugby à sept.

Après un début de saison laborieux, l'entraîneur-chef John Tait n'a pas titularisé sa joueuse-vedette pour la moitié des tournois des Séries mondiales. Harvey a encaissé le coup sans ruer dans les brancards, même s'il a provoqué son lot de remises en question.

«On est 22 joueuses dans l'équipe», a souligné Harvey à l'occasion d'un rare passage à Montréal, mercredi. «À la fin de la journée, le titre que tu as gagné dans le passé n'a pas d'importance. Si tu n'es pas capable de faire le travail quand ça compte, ça ne change rien.»

Très déçue de cette mise à l'écart, elle assure qu'il n'y a pas eu de frictions avec son entraîneur. «Il a juste fait sa job. Il a choisi les 12 filles qu'il croyait être les meilleures à ce moment-là, et je n'en faisais pas partie.»

Comprendre le rythme

La joueuse de Québec s'est organisée pour que ça change: elle est revenue dans l'alignement pour les deux derniers tournois et les Jeux panaméricains de Toronto, en juillet, où elle a mis sa touche à une victoire écrasante en finale contre les Américaines.

Après un stage en Australie, en septembre, Harvey a entrepris la nouvelle saison avec le même aplomb, terminant le tournoi de Dubaï au sommet des marqueuses il y a deux semaines.

«Je commence vraiment à comprendre le rythme du rugby à sept, constate l'ailière de 25 ans. Ça m'a pris du temps à y arriver l'an passé. J'ai eu mes frustrations. C'est un sport d'équipe, mais tu es parfois déçue quand tu ne fais pas les sélections. Tu commences à remettre en question tes habiletés de le faire. En ce moment, ça va bien. Je n'ai pas besoin de me questionner. Et parce que je ne me questionne pas, je m'améliore beaucoup plus rapidement.»

Harvey a surtout ajusté son jeu collectif, sa «grande faiblesse», de son propre aveu. «J'utilise ma vitesse de la bonne façon», cite-t-elle en exemple. «Je fais beaucoup plus confiance à mon équipe ainsi qu'à mes habiletés.»

Mauvais tournoi pour l'équipe canadienne

Deuxième au classement des Séries mondiales la saison dernière, ce qui a assuré sa qualification pour les Jeux olympiques de Rio, le Canada s'est buté à un mur au premier tournoi de Dubaï, et a terminé au sixième rang. Une demi-douzaine des meilleures joueuses manquaient à l'appel en raison de blessures, dont la meilleure pointeuse Ghislaine Landry et Ashley Steacy, membre de l'équipe d'étoiles 2014-2015.

L'absence de ces joueuses «intimidantes» sur le front offensif permet aux adversaires d'ajuster leur défense et de mieux contenir les ailières rapides comme Harvey et Karen Paquin. 

«Les blessures ne sont pas une excuse, mais ça n'a pas aidé», plaide Harvey. «Ce n'est pas épouvantable comme performance: chaque fois qu'on a perdu, c'est par un essai dans la dernière minute de jeu.»

Après des Fêtes en famille, Harvey rejoindra ses coéquipières pour un stage à San Diego, au début du mois de janvier. 

Le prochain tournoi des Séries mondiales se tiendra à São Paulo les 20 et 21 février. L'entraîneur-chef John Tait fera connaître son équipe olympique à quelques semaines du début des JO.

«Beaucoup de choses peuvent se passer, prévient Harvey. Chaque pratique, chaque match, chaque instant où tu peux te prouver, il faut que tu le fasses. Oui, ç'a bien été pour moi, mais je ne tiens rien pour acquis.»