Il est habituel pour un médecin de recommander d'arrêter de fumer ou de contrôler son taux de cholestérol après une maladie cardiaque. Mais demander qui s'occupe le plus des enfants et de la maison? Ou encore établir son degré d'empathie?

Ces préoccupations pourraient pourtant devenir tout aussi importantes que d'autres facteurs physiques, selon les résultats d'une étude pancanadienne dirigée par l'équipe de la Dre Louise Pilote, de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Les chercheurs savent depuis longtemps que le sexe d'une personne a un rôle à jouer dans le développement du syndrome coronarien aigu. Il en est tout autrement pour le «genre» d'une personne, terme moins connu qui regroupe des éléments plus vagues comme les rôles sociaux ou les traits de personnalité.

«Bien que l'incidence de mortalité des maladies cardiaques en général soit en baisse, on observe l'inverse chez les jeunes femmes, explique la Dre Pilote. Cette tendance était difficilement explicable biologiquement, alors on s'est tourné vers le psychosocial.»

Le rôle traditionnel de la femme, source d'anxiété

L'univers du travail a considérablement changé pour les femmes depuis les 30 dernières années, mais les attentes liées au genre ont plus de difficultés à progresser dans la société.

L'équipe de McGill a donc évalué une multitude de traits de personnalité, qu'elle décrit comme «traditionnellement» liés à l'homme ou à la femme, puis a comparé les résultats au risque de vivre un second malaise cardiaque.

«Si on ne regarde que le sexe, les risques de récidive sont de 3 % pour les deux groupes. Si on sépare les malades par genre, les personnes avec un genre plus traditionnellement masculin tombent à 2 % de risque, tandis que celles ayant un genre traditionnellement féminin grimpent à 7 % !», explique la Dre Pilote,

Selon la chercheuse, il y aurait plusieurs explications à cette différence, mais un élément se détache: l'anxiété. «Si on enlève toutes les questions liées à l'anxiété de notre étude, la différence hommes-femmes disparaît», explique-t-elle.

Bien que l'équipe de McGill soit la première à révéler cette disparité avec autant de précision, la tendance a déjà été observée dans d'autres études. «Au Japon, explique-t-elle, une étude a révélé qu'être marié donne de meilleures chances de survie après un infarctus pour un homme, mais augmente les chances de mortalité chez la femme! Cette différence pourrait être expliquée par la division des tâches dans la maison et le stress journalier qui y est associé.»

La Dre Pilote espère maintenant que le côté biologique ne soit plus le seul facteur pris en compte lors de la convalescence.

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Image d'un profil masculin



• Principal revenu du ménage

• Nombre d'heures passées aux tâches ménagères : faible

• Niveau de stress à la maison : faible

• Revenu personnel : élevé

• Traits de personnalité : Compte sur soi-même, défend ses croyances, indépendant, athlétique, forte personnalité, analytique, énergique, assertif, qualité de leader, prend des risques, décide facilement, autosuffisant, dominant, masculin, agressif, prend position, ambitieux, compétitif, agit en leader

Image d'un profil féminin



• N'est pas le principal revenu du ménage

• Nombre d'heures passées aux tâches ménagères : élevé

• Niveau de stress à la maison : élevé

• Revenu personnel : faible

• Traits de personnalité : Soumis, de bonne humeur, gêné, affectueux, sympathique, féminin, loyal, sensible à la flatterie, sensible aux besoins des autres, compréhensif, compatissant, veut réparer les torts, doux, tendre, dupe, délicat, enfantin, poli, aime les enfants, persuasif