Le nouveau coronavirus nCoV qui a contaminé deux hommes en France et causé la mort d'une vingtaine de malades dans le monde sur 34 cas recensés, présente de grandes «similitudes» avec le virus à l'origine de l'épidémie de SRAS, souligne le spécialiste de l'Institut Pasteur, Arnaud Fontanet.

Provoquée par un virus de la même famille des coronavirus, l'épidémie de Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) avait provoqué en 2003 la mort de plus de 800 personnes, principalement en Chine et dans le reste de l'Asie, avant d'être jugulée.

QUESTION - «Que nous enseigne le deuxième cas en France sur un patient qui avait partagé la chambre d'hôpital à Valenciennes (nord) du tout premier malade français qui a lui été contaminé pendant un voyage aux Émirats arabes unis?»

RÉPONSE - «On a là des cas groupés avec les mêmes caractéristiques qu'on avait avec le coronavirus du SRAS, à savoir un virus transmis par voie respiratoire et sur des contacts rapprochés.

Je ne peux pas m'empêcher de relever les similitudes avec le virus du SRAS: les personnes touchées sont des adultes, atteints de "comorbidités" (à savoir d'autres pathologies considérées comme des facteurs aggravants, NDLR), les transmissions se font par les voies respiratoires et contacts étroits, la mortalité est forte».

Q - Qu'est que l'on sait du mode de propagation de ce virus?

R - «La transmission se réalise par contact rapproché, à moins d'un mètre de distance, plutôt que par des postillons.

Il est connu que se laver les mains fréquemment avait été très important pendant l'épidémie de SRAS, pour diminuer la transmission. L'hygiène des mains et aussi le port de masques avaient permis de limiter la transmission»

Q - Est-ce que de nouvelles «contaminations secondaires», à savoir d'homme à homme comme dans le cas du deuxième patient français, sont possibles?

R - «C'est possible bien sûr. C'est là où il faut être vigilant.

On s'est rendu compte pour le virus du SRAS que les patients n'étaient contagieux qu'après le début des symptômes. Cela a permis d'identifier les personnes pour les isoler et les mettre en quarantaine avant qu'elles ne deviennent contagieuses. On a pu comme cela bloquer l'épidémie de SRAS.

Ici, on a un nombre de cas beaucoup plus limité que pour le SRAS (34 depuis 2012 contre plus de 8.000 pour l'épidémie de SRAS en 2003, NDLR), mais dans tout ce que l'on a aujourd'hui, il n'y a rien qui va à l'encontre de cette règle (à savoir la contagiosité après l'expression des symptômes, NDLR)».

«Ce virus (le nCoV, NDLR) existe depuis un an et n'a pas explosé de manière épidémique. Il ne faut pas être inquiet, mais être très vigilant et agir fort.»