Des analyses génétiques menées sur des serpents fouisseurs en Australie ont permis d'identifier au moins une trentaine de nouvelles espèces parmi ces animaux qui présentent tous une morphologie très semblable, ont annoncé vendredi le CNRS et le Muséum national d'histoire naturelle de Paris (MNHN) dans un communiqué commun.

À ce jour, 3432 espèces de serpents sont recensées par les scientifiques, divisées en deux grands groupes: les serpents typiques (boas, pythons, cobras, vipères, etc.) qui appartiennent aux Alethinophidia d'un côté, et les Scolecophidia de l'autre. Ces Scolecophidia (402 espèces) sont des serpents strictement fouisseurs, de petite taille (généralement inférieure à 30 cm) qui se nourrissent de la faune souterraine et qui se ressemblent tous fortement, en raison des contraintes liées à leur mode de vie (forme, couleur, etc.), explique le communiqué.

Or les Scolecophidia ont longtemps été négligés par les biologistes. Des chercheurs français, américains et australiens ont entamé en 2008 une étude visant à mieux connaître ce groupe de serpents en analysant en détail leur génome, à la fois un gène mitochondrial (hérité de la mère) et un gène du noyau de la cellule (hérité du père). Au total, 741 spécimens appartenant à 27 espèces de Scolecophidia ont ainsi été étudiés.

Or à partir de ces 27 espèces actuellement reconnues, les spécialistes ont mis en évidence «l'existence de 29 à 65 nouvelles espèces», soulignent le CNRS et le MNHN. Sans l'analyse de leur ADN, il aurait été impossible de découvrir cette «diversité cachée» au sein d'espèces d'apparences très semblables, assurent les chercheurs.

Les scientifiques en déduisent que «la diversité spécifique des serpents fouisseurs australiens est largement sous-estimée», ce qui est peut-être aussi le cas à l'échelle mondiale. Si l'on rapporte la proportion de nouvelles espèces ainsi découvertes aux 402 espèces de scolécophidiens actuellement connues, leur nombre serait alors en réalité compris entre 830 et 1370 !

Si les biologistes estiment qu'il leur reste de nombreuses espèces animales à découvrir, la plupart se trouveraient dans les rangs des invertébrés (insectes, arachnides, vers, mollusques, etc.) A l'inverse, on considère que la faune des vertébrés terrestres est globalement bien documentée. Selon le communiqué, le nombre d'espèces de mammifères et d'oiseaux s'accroît chaque année de seulement 0,1% à 0,2%, et celle des lézards et serpents de 1,7%.