Une fusée russe Proton-M transportant trois satellites a explosé mardi à son décollage du cosmodrome russe de Baïkonour dans les steppes du Kazakhstan, libérant dans l'atmosphère 600 tonnes de combustible hautement toxique.

La déflagration a provoqué de gigantesques flammes et projeté de multiples débris aux alentours, sans faire de victimes, selon des images diffusées en direct par l'Agence spatiale russe (Roskosmos) et la chaîne de télévision publique Rossia 24.

Le vaisseau russe qui transportait trois satellites du système Glonass -équivalent russe du système américain GPS- a changé de trajectoire 16 secondes après son décollage, car «ses moteurs ont cessé de fonctionner», selon un communiqué de Roskosmos.

La fusée a explosé et est retombée à environ 2,5 km du lieu du lancement, provoquant un cratère de 150 à 200 mètres de diamètre, selon une source à Baïkonour citée par l'agence Interfax.

«Selon de premières informations, l'accident n'a pas ni victime ni dégâts», a souligné Roskosmos.

Cet accident constitue un nouveau revers pour l'industrie spatiale russe qui a connu ces dernières années une série d'échecs dans ses lancements de satellites ou de vaisseaux-cargo vers la Station spatiale internationale (ISS).

Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a chargé un vice-ministre de créer une commission d'enquête et «d'établir une liste des personnes responsables de ce qui s'est passé, y compris au sein de la direction de Roskosmos», selon Interfax.

Nuage de fumée

L'accident a provoqué une importante fuite de combustible dans l'atmosphère, le lanceur transportant environ 600 tonnes d'heptyle, d'amyle et de kérosène, selon le patron de l'agence spatiale kazakhe Kazkosmos, Talgat Moussabaïev.

«Un nuage de fumée provoqué par la combustion de l'heptyle s'est formé au-dessus du territoire du cosmodrome», a déclaré M. Moussabaïev, cité par l'agence Interfax.

Des responsables de l'ex-république soviétique du Kazakhstan ont indiqué que les fumées pouvaient présenter un danger pour la population locale.

Les habitants de plusieurs villes aux alentours du cosmodrome ont reçu pour instruction de rester chez eux et de ne pas ouvrir leurs fenêtres, a indiqué à l'AFP une porte-parole du ministère kazakh des Situations d'urgence, Kristina Mokhamed.

«On nous a aussi demandé de ne pas sortir les vaches dans les pâturages mais personne n'en a tenu compte», a déclaré à l'AFP un habitant de Kyzyl-Orda, ville située à 300 km de Baïkonour.

Une partie du personnel de Baïkonour a été évacuée en raison du «nuage toxique», a affirmé pour sa part une source au sein du cosmodrome, citée par Interfax.

Le directeur du centre Khrounitchev, le concepteur des fusées Proton, a toutefois minimisé les risques de pollution toxique provoqués par l'accident.

«Il pleuvait au moment de l'explosion. Cela va réduire considérablement la zone de pollution», a déclaré Alexandre Seliverstov, qui a assisté au lancement à Baïkonour, selon l'agence publique russe Ria Novosti.

Le ministre kazakh des Situations d'urgence, Vladimir Bojko, a déclaré lors d'un conseil des ministres que, selon de premières informations, l'accident avait été provoqué par la panne d'un moteur du premier étage de la fusée.

De son côté, l'expert russe du secteur spatial Vadim Loukachevitch a déclaré à l'AFP que l'accident avait été provoqué «soit par une erreur de programmation de logiciel, soit par un défaut d'assemblage» de la fusée.

En décembre 2010, trois satellites Glonass lancés à partir d'une fusée Proton étaient retombés dans l'océan Pacifique après l'échec de leur mise en orbite, provoqué par une surcharge de carburant dans le lanceur.

Le système Glonass a été conçu par la Russie pour rivaliser avec le système de navigation américain GPS et le futur système européen Galileo.