«L'horloge de l'apocalypse», qui symbolise l'imminence d'un cataclysme planétaire, a été laissée inchangée à minuit moins trois, ont annoncé mardi des scientifiques internationaux citant de récents progrès avec les négociations sur le nucléaire avec l'Iran et l'accord sur le climat à Paris.

Mais le groupe met en garde contre le fait que «la probabilité de catastrophe globale reste très élevée» et invite les dirigeants du monde «à agir très bientôt pour réduire les risques de désastre».

En 2015, le Bulletin des scientifiques atomiques, qui compte 16 prix Nobel, avait avancé l'aiguille de l'horloge de deux minutes, citant alors la double menace du réchauffement climatique et le regain de tensions nucléaires.

Cette année, les récents progrès que représentent l'accord nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, ainsi que l'accord de Paris sur le climat, «constituent les seuls petits points encourageants dans une situation mondiale plus sombre, pleine de catastrophes potentielles», écrivent ces scientifiques.

«Minuit moins trois est beaucoup trop près et nous, en tant que membres du conseil scientifique et de sécurité du Bulletin des Scientifiques Atomiques, nous tenons à souligner que le fait d'avoir maintenu à la même heure l'aiguille de l'horloge en 2016 n'est pas une bonne nouvelle, mais exprime notre consternation que les dirigeants du monde continuent à ne pas concentrer leurs efforts et l'attention de la planète pour réduire le danger extrême que représentent les armes nucléaires et le changement climatique», poursuivent-ils.

L'aiguille n'a jamais été aussi près de minuit depuis 1984, quand elle avait également été réglée à 23h57 au moment le plus tendu des relations américano-soviétiques, rappellent ces scientifiques.

Car même avec l'accord sur le nucléaire iranien, «les tensions entre les États-Unis et la Russie atteignent des niveaux qui rappellent les pires moments de la guerre froide», selon eux.

Ils citent aussi la persistance du conflit en Ukraine et en Syrie, accompagné du bras de fer entre la Turquie, un membre de l'OTAN, et la Russie.

Le Bulletin des scientifiques atomiques cite également une déclaration du directeur de l'agence de presse russe dans laquelle il parle de réduire les États-Unis en un tas de cendres radioactif.

Le groupe relève en outre le redéploiement militaire de l'OTAN et de la Russie et la conduite de vastes  exercices de part et d'autre.

Tous ces dangers «menacent l'existence même de la civilisation et devraient de ce fait être une priorité des dirigeants du monde», ont insisté ces éminents scientifiques lors d'une présentation à Washington.

Depuis sa création en 1947, l'horloge de l'apocalypse a été ajustée 18 fois, de minuit moins deux en 1953, quand les États-Unis ont décidé de produire la bombe à hydrogène, à minuit moins 17 minutes en 1991, à la fin de la Guerre Froide.