Au moins 34 personnes ont été tuées mardi en Irak, dont 26 à Bagdad dans une vague d'attentats à la voiture piégée, a-t-on appris de sources sécuritaires et médicales.

Au moins sept voitures piégées ont explosé dans la soirée dans différents quartiers de la capitale au moment où les Irakiens font habituellement des courses ou sont au café, faisant 26 morts et plus de 80 blessés.

Aucun groupe n'a revendiqué ces attentats de Bagdad, qui ont visé en majorité des secteurs chiites, mais de telles attaques sont généralement attribuées à des groupes sunnites liés à Al-Qaïda.

La dernière vague d'attentats dans le pays, dont 15 à la voiture piégée, remonte à dimanche lorsque plus de 50 personnes ont été tuées et plus de 100 blessées, selon des sources médicales et policières.

Dans le nord du pays, six policiers ont été abattus mardi près de Mossoul. Les policiers, en civil et non armés, regagnaient en voiture leur unité lorsqu'ils ont été arrêtés en plein jour sur une route principale, puis mitraillés. Deux policiers ont également été grièvement blessés.

Un soldat a été tué et un civil blessé par un engin piégé dans l'ouest de Mossoul, tandis qu'un responsable provincial était abattu à Bagdad.

À Fallouja, à l'ouest de Bagdad, un groupe armé a attaqué un poste de police.

Quatre kamikazes portant des ceintures d'explosifs se sont lancés à l'assaut du poste tandis que policiers et assaillants échangeaient des coups de feu. Les quatre kamikazes ont été tués, trois en se faisant exploser et un abattu par les policiers qui comptent 12 blessés dans leurs rangs.

La semaine dernière, plus de 150 personnes avaient été tuées, dont 27 samedi lorsqu'un kamikaze s'était fait exploser au milieu de funérailles près de Mossoul.

Les autorités assurent que les opérations menées contre les insurgés donnent des résultats, et ont annoncé l'arrestation de centaines de combattants et la mort de dizaines d'autres.

Mais les critiques se poursuivent à l'égard du gouvernement, accusé de ne rien faire pour calmer la colère des sunnites qui s'estiment maltraités par la majorité chiite au pouvoir. Or, selon des analystes, cette colère est le terreau du recrutement des groupes insurgés.

«Le phénomène des attaques à la voiture piégée semble gagner en ampleur et le nombre de victimes semble toujours augmenter», estime par ailleurs Jessica Lewis, spécialiste d'Al-Qaïda à l'Institut pour l'étude de la guerre aux États-Unis.

Selon elle, les groupes liés à Al-Qaïda ont réussi à se réorganiser et à mettre en place une structure de commandement permettant de mener des attaques coordonnées.

La nature des attaques implique également qu'ils disposent de plusieurs centres de montage pour les voitures piégées, probablement en banlieue de Bagdad, estime-t-elle.

Les extrémistes sunnites liés à Al-Qaïda sont actifs en Irak depuis plus de 10 ans, et se sont montrés particulièrement virulents pendant le conflit entre sunnites et chiites en 2005-2006.

Mais à partir de 2008, les Américains avaient affirmé que l'organisation était en perte de vitesse. De fait, le niveau des attentats avait baissé jusqu'à l'an dernier lorsque la rancoeur de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, avait commencé à déborder face à un gouvernement accusé de vouloir monopoliser tous les pouvoirs.

«Al-Qaïda est dans une phase de reconquête» du pays qui passe par une mobilisation de plus en plus forte dans le nord du pays, estimait récemment un diplomate occidental.

La prise de contrôle par des rebelles liés à Al-Qaïda de larges territoires en Syrie, à la faveur de la guerre civile, permet aussi d'assurer des bases arrières aux groupes qui se battent en Irak, selon les spécialistes.