L'Irak redoute que la Syrie, avec laquelle il partage une frontière de 600 kilomètres, devienne un «repaire» pour Al-Qaïda qui déstabilise ce pays et toute la région, a prévenu vendredi son ministre des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari.

M. Zebari est à Washington où il avait rencontré jeudi le secrétaire d'État John Kerry avant de s'exprimer au Center for Strategic and International Studies (CSIS), un groupe de réflexion.

Il a assuré que l'Irak avait adopté une position «neutre» sur le conflit syrien, mais qu'il ne voulait pas voir se développer un «repaire terroriste» pour Al-Qaïda à sa frontière occidentale. «Notre frontière avec la Syrie est longue et poreuse et nous craignons donc que des terroristes puissent la traverser».

«Pour l'Amérique, la Syrie est à plus de 5000 miles (8000 km). Pour nous, la Syrie est exactement à notre porte», a insisté le chef de la diplomatie irakienne.

Et, a-t-il mis en garde, «si l'Amérique ferme les yeux sur le Moyen-Orient, il y aura une résurgence d'Al-Qaïda et de ses filiales de manière plus menaçante que jamais».

La veille, M. Kerry s'était alarmé des risques de déstabilisation de l'Irak par des extrémistes sunnites et chiites, en pleine recrudescence de violences et d'attentats attribués à Al-Qaïda et qui font craindre un retour au conflit religieux de 2006-2007.

Il avait dénoncé les flots d'armes et de combattants se déversant de l'Irak vers la Syrie et aussi de la Syrie vers l'Irak, parlant d'une «dangereuse rue à double sens».

Les États-Unis accusent l'Irak de fermer les yeux sur des avions venant d'Iran, survolant le territoire irakien, et dont Washington soupçonne qu'ils transportent des armes à destination du régime syrien.

«Je peux vous dire qu'ils (les vols suspects) ont été réduits, mais ils ne se sont probablement pas arrêtés», a concédé M. Zebari, dont le gouvernement est sous pression pour inspecter ces appareils. «Nous tiendrons notre engagement. Je crois que nous ferons davantage», a-t-il promis.

L'invasion de l'Irak par les Américains en 2003 a conduit au pouvoir la majorité chiite de ce pays. Bagdad est aujourd'hui liée à l'Iran chiite lui-même allié du régime syrien. Celui-ci se bat contre une rébellion armée de groupes sunnites, y compris affiliés à Al-Qaïda, et soutenue par les monarchies du Golfe, la Turquie, les Européens et les États-Unis.