Israël a accusé mardi l'Union européenne (UE) de faire preuve d'un «acharnement disproportionné» à son encontre, après l'adoption d'un texte européen excluant à partir de 2014 les territoires occupés de la coopération entre l'UE et Israël.

Cette ligne directrice, adoptée en juin et qui sera publiée vendredi au Journal officiel de l'Union, dispose que «tous les accords entre l'État d'Israël et l'UE doivent indiquer sans ambiguïté et explicitement qu'ils ne s'appliquent pas aux territoires occupés par Israël en 1967», a précisé dans un communiqué la délégation de l'UE auprès d'Israël.

«C'est une directive sur les entités israéliennes agréées pour recevoir ou non des financements de l'UE. Elle établit une distinction entre Israël et les entités en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, la bande de Gaza et le plateau du Golan», a expliqué à l'AFP un porte-parole de la délégation, David Kriss, en référence aux territoires palestiniens et syrien occupés par Israël.

Elle fait suite à un Conseil des Affaires étrangères de l'UE du 10 décembre 2012 qui a «souligné l'importance de limiter l'application des accords avec Israël au territoire d'Israël tel que reconnu par l'UE», a indiqué l'Union.

«Les Européens font preuve d'un acharnement disproportionné à l'encontre d'Israël», a déclaré à l'AFP un responsable israélien sous couvert de l'anonymat.

«Les Européens préfèrent ainsi s'attaquer à un petit pays plutôt que de s'en prendre à des États plus puissants lorsqu'il s'agit de territoires controversés, car ils redoutent de subir des rétorsions», a-t-il déploré, faisant notamment référence aux actions chinoises au Tibet.

Le ministre israélien des Relations internationales Youval Steinitz a tenté d'en minimiser l'impact. «Il ne faut pas exagérer les retombées de cette directive administrative énervante, car elle ne s'applique qu'aux futurs accords et pas à ceux qui ont été déjà signés», a-t-il affirmé à la radio militaire.

«Une majorité de ministres des Finances et des Affaires étrangères européens s'opposent à des sanctions ou à un boycottage d'Israël», a assuré M. Steinitz, un proche du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin a déploré sur la radio militaire «une initiative très inquiétante prise à un mauvais moment, car elle ne peut que renforcer le refus des Palestiniens de reprendre des négociations», en référence aux efforts du secrétaire d'État américain John Kerry de relancer des pourparlers de paix.

Un représentant des colons, Dani Dayan, estime dans un communiqué que «cette directive unilatérale et discriminatoire signifie que l'UE a décidé d'abandonner toute implication dans le processus de paix au Moyen-Orient», l'accusant de «s'aligner sur les exigences les plus extrémistes des Palestiniens».

Une dirigeante palestinienne, Hanane Achraoui, a en revanche salué dans un communiqué «une action significative».

«L'UE est passée du niveau des déclarations et des dénonciations à des décisions de politique effectives et des mesures concrètes qui auront un impact positif sur les chances de paix», a ajouté Mme Achraoui, membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Le secrétaire général de la Paix Maintenant, une ONG israélienne opposée à la colonisation, Yariv Oppenheimer s'est félicité de l'initiative européenne.

«Les Européens, comme beaucoup d'Israéliens, estiment qu'il n'est plus possible de fermer les yeux sur la poursuite de la colonisation. Le monde a compris le bluff du gouvernement Nétanyahou», a déclaré M. Oppenheimer à la radio publique.