Des dizaines de milliers d'Israéliens ont défilé et dansé mercredi à Jérusalem pour célébrer, dans une ferveur nationaliste, la «réunification» par les armes israéliennes en 1967 de la Ville sainte, dont le mufti, plus haute autorité religieuse palestinienne, a été brièvement détenu.

Le mufti Mohammad Hussein a été relâché après avoir été interrogé pendant six heures par la police israélienne sur des heurts mardi sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, le troisième lieu saint de l'islam.

En Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem, les députés ont voté pour exiger le renvoi de l'ambassadeur d'Israël et le Premier ministre Abdallah Nsour a dénoncé les «violations israéliennes» en citant la détention du mufti et le projet «de permettre à des colons juifs extrémistes de pénétrer sur le site de la mosquée d'Al-Aqsa».

Le ministère israélien des Cultes veut en effet proposer au gouvernement d'«amender la loi» afin de permettre aux fidèles juifs de prier sur l'esplanade, qui est le «mont du Temple» pour les juifs.

«Nous voulons que les juifs qui désirent prier sur place puissent le faire», a expliqué le directeur du ministère, Elhanan Glat, devant une commission parlementaire. La loi israélienne autorise les juifs à prier sur l'esplanade, mais s'en remet à la police pour en apprécier l'opportunité.

Dans les faits, de telles prières sont interdites, et cette situation perdure depuis qu'Israël a pris le contrôle de Jérusalem-Est lors de la guerre des Six jours en juin 1967, un événement célébré mercredi par «Yom Yeroushalayim» (le Jour de Jérusalem).

Dans un discours, le ministre de la Défense Moshé Yaalon a répété que «Jérusalem, dans tous les scénarios à venir, (resterait) pour l'éternité la capitale de l'État d'Israël».

Des dizaines de milliers de jeunes venus de tout le pays avec des drapeaux israéliens se sont rassemblés à travers la ville pour marcher jusqu'au mur des Lamentations, haut lieu du judaïsme et principal vestige du second Temple juif détruit par l'Empire romain en l'an 70.

Heurts à la porte de Damas

De leur côté, une centaine de Palestiniens brandissant des drapeaux palestiniens et scandant le refrain de l'hymne palestinien et «Ni Est ni Ouest, Jérusalem est arabe» se sont réunis devant la porte de Damas, un des accès à la Vieille ville.

«Je suis ici pour rappeler au monde qu'il y a des Palestiniens à Jérusalem et que nous refusons la réunification de la capitale de la Palestine», a dit à l'AFP un jeune manifestant.

La police israélienne à cheval a dispersé les manifestants. Au total, 23 Palestiniens ont été arrêtés lors diverses incidents avec la police, qui a également interpellé 13 jeunes juifs ayant crié des insultes anti-arabes, a indiqué une porte-parole de la police.

Des milliers de policiers avaient été déployés dans et autour de Jérusalem et de la Vieille ville.

D'après les dernières statistiques officielles israéliennes, Jérusalem compte quelque 804 000 habitants, Ouest et Est confondus, dont 499 000 juifs, 281 000 musulmans et 14 000 chrétiens, soit plus de 295 000 Palestiniens.

«Aujourd'hui, les colons israéliens, soutenus par le gouvernement, célèbrent leur 'Jour de Jérusalem', marquant l'occupation par Israël de la capitale de la Palestine», s'est indigné dans un communiqué le ministre palestinien chargé de Jérusalem, Adnane al-Husseini.

Il a dénoncé l'«arrestation provocatrice» du mufti «au moment où les forces d'occupation protègent des gangs de colons extrémistes, qui terrorisent les familles palestiniennes».

Israël considère Jérusalem comme sa capitale «unifiée et indivisible». Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion de la partie orientale de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'État auquel ils aspirent.