La Jordanie a affirmé mardi qu'Israël avait accepté qu'une mission d'enquête de l'UNESCO expertise l'état du patrimoine dans la Vieille ville de Jérusalem, située dans le secteur oriental à majorité arabe annexé de la cité, pour la première fois depuis dix ans.

«La Jordanie et la Palestine, soutenues par les pays arabes, ont réussi à pousser Israël, pour la première fois depuis 2004, à accepter et faciliter une mission d'experts de l'UNESCO afin d'enquêter et d'évaluer l'état du patrimoine et la protection de la Vieille ville et de ses remparts», selon un communiqué du Palais royal à Amman.

Cette mission commencera ses travaux le 15 mai prochain et devra présenter son rapport et ses recommandations avant le 1er juin, avant la 37e session du Comité du Patrimoine Mondial qui se tiendra au Cambodge du 16 au 27 juin 2013.

Israël a fait part de sa décision dans une lettre officielle à la directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova, a précisé le communiqué jordanien.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor a confirmé qu'une délégation de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture devait arriver «prochainement» mais afin de visiter des sites «à travers tout Israël, pas seulement à Jérusalem».

M. Palmor a souligné qu'il n'y avait «rien de nouveau dans cette coopération (entre Israël et l'UNESCO)» et il a dénoncé «certains éléments arabes qui se servent de l'agence onusienne pour véhiculer des attaques politiques».

Il a critiqué le «langage tendancieux du communiqué jordanien» et «la politisation injustifiée du travail de l'UNESCO», à laquelle a adhéré la Palestine, au grand dam d'Israël, le 31 octobre 2011.

Cette annonce survient après que le roi de Jordanie Abdallah II et le président palestinien Mahmoud Abbas ont signé le mois dernier un accord confirmant le rôle historique de la Jordanie en tant que gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem.

Cet accord énonce par écrit un agrément tacite de 1924 aux termes duquel la Jordanie est la gardienne des lieux saints de la ville.

Jérusalem abrite le troisième lieu sacré de l'islam, le «Noble sanctuaire» (Haram al-Charif), également nommé l'esplanade des Mosquées car elle accueille l'emblématique mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher à l'étincelante coupole dorée.

Ce site, qui est pour les juifs le mont du Temple, en référence à l'ancien Temple détruit par les légions romaines en l'an 70, est une poudrière au coeur de Jérusalem, prête à exploser à la moindre rumeur ou provocation, comme en témoignent les heurts répétés autour de cet espace sacré à la fois pour l'islam et le judaïsme.

Depuis la Guerre des Six jours de juin 1967, Israël a annexé et occupe Jérusalem-Est, secteur à majorité arabe, une décision que n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.

Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État tandis que les Israéliens proclament que Jérusalem est indivisible et la «capitale éternelle» de l'État d'Israël.