L'enquête sur l'attentat antiisraélien survenu l'été dernier en Bulgarie, et auquel aurait participé un Canadien membre du Hezbollah, se déroule aussi au Canada, avec l'aide du SCRS et de la GRC, a appris La Presse.    

La tragédie plus récente d'In Amenas en Algérie, où deux djihadistes ontariens ont trouvé la mort, a éclipsé cet autre dossier qui pourrait avoir des implications canadiennes.

«L'enquête se poursuit. Nous sommes en train de procéder à des vérifications, non seulement en Bulgarie, mais aussi au Canada», explique à La Presse une porte-parole du ministère de l'Intérieur bulgare.

Celle-ci précise que «les relations bilatérales» entre la police antiterroriste bulgare et «le SCRS ainsi que la GRC» dans le cadre de cette enquête sont «excellentes». La GRC n'a pas commenté.

En février, le ministre de l'Intérieur bulgare a pointé du doigt le Hezbollah à la suite de l'attentat meurtrier survenu le 18 juillet 2012 à Burgas, une station balnéaire. Sept personnes avaient été tuées dans l'explosion d'un autobus.

Citoyen canadien

Selon les enquêteurs bulgares, un des trois membres du commando serait détenteur de la citoyenneté canadienne. Ce suspect, qui aurait passé une partie de sa jeunesse dans l'Ouest canadien, se trouverait probablement au Liban. Le second serait australien.

Le mystère demeure concernant l'origine de celui qui serait mort dans l'explosion prématurée de son sac à dos, qui contenait l'engin explosif.

Dès lors, l'enquête s'est transportée aussi sur le sol canadien à la recherche d'une filière éventuelle de soutien logistique et financier.

L'échange d'informations s'effectue via Europol, regroupement des 27 polices européennes avec qui la GRC a une liaison sécurisée. L'autre voie est l'officier de liaison bulgare en poste à Washington.

«Mouvement barbare», dit Baird

Le Hezbollah, ou «Parti de Dieu», est un mouvement politicomilitaire chiite légitime et de poids au Liban. Seuls les États-Unis, le Canada, Israël, les Pays-Bas et depuis peu le Bahreïn le définissent comme terroriste.

Récemment, le ministre des Affaires étrangères John Baird a même qualifié Hezbollah d'«organisation barbare». Selon lui, la «preuve convaincante de l'implication» de ce groupe dans cet attentat est la «confirmation» de son «abjection»!

«L'Amérique du Nord a une vision très manichéenne des choses et sans aucun sens de la nuance», constate Yves Bonnet, ex-haut responsable du renseignement français.

Les affirmations de la police bulgare servent maintenant de prétexte aux gouvernements canadien et israélien pour pousser l'Union européenne à leur emboîter le pas.

La solution envisagée outre-Atlantique, difficilement applicable sur le terrain néanmoins, serait de viser uniquement la branche armée du Hezbollah.

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En chiffres

7 Nombre de victimes de l'attentat : 5 Israéliens, 1 Bulgare, 1 membre du commando

1982 Fondation du Hezbollah, au Liban