Le secrétaire d'État américain John Kerry a écarté mardi une reprise rapide des négociations de paix, au terme d'une visite de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens, insistant sur la nécessité d'un travail de fond pour qu'elles aient une chance d'aboutir.

«Le président (américain Barack Obama) ne m'a pas envoyé ici pour imposer ou dicter un plan», a rappelé M. Kerry, annonçant à court terme une entente avec les responsables israéliens et palestiniens pour «promouvoir le développement économique en Cisjordanie» occupée.

«Nous avons du travail à faire, nous rentrons faire notre travail», a-t-il ajouté juste avant son départ de l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv.

Le chef de la diplomatie américaine a qualifié de «très constructives» ses discussions avec le chef du gouvernement israélien Benyamin Nétanyahou, qu'il a de nouveau rencontré mardi à Jérusalem, le président palestinien Mahmoud Abbas, à qui il a téléphoné avant de partir, et son premier ministre Salam Fayyad.

M. Nétanyahou s'est dit «déterminé non seulement à reprendre le processus de paix avec les Palestiniens, mais aussi à faire un effort sérieux pour mettre fin à ce conflit une bonne fois pour toutes».

Son interlocuteur américain juge «plus important de faire bien que vite» pour relancer les négociations, bloquées depuis près de trois ans.

«Cet effort ne vise pas seulement à ramener les parties aux négociations, il s'agit de conduire tout le monde à la meilleure position pour réussir», a plaidé John Kerry. «Nous souhaitons essayer de créer les conditions de la paix afin de pouvoir reprendre les négociations de manière claire et précise».

Le responsable américain a promis de «lancer de nouveaux efforts très ciblés pour promouvoir le développement économique et lever certains des obstacles et des barrières au commerce en Cisjordanie, pour y avancer très rapidement vers une expansion de l'activité et de l'investissement dans le secteur privé».

Il a par ailleurs pris acte du «plaidoyer passionné» prononcé par M. Abbas pour la libération des prisonniers palestiniens détenus depuis le plus longtemps par Israël, assurant que M. Nétanyahou était conscient du «potentiel explosif» de leur situation, après une série de heurts ces derniers mois en Cisjordanie à la suite de la mort de deux détenus palestiniens.

Initiative arabe

M. Kerry a salué l'initiative de paix de 2002 de la Ligue arabe offrant à Israël une normalisation avec tous les pays arabes en échange d'un retrait total des territoires occupés, dont le Comité de suivi doit se rendre à la fin du mois à Washington, la qualifiant «d'importante contribution au dialogue».

«Il se peut qu'elle ne soit pas sous sa forme actuelle une base de négociations», a-t-il néanmoins nuancé, alors que les États-Unis feraient pression sur la Ligue arabe pour une nouvelle formulation de ce plan afin d'augmenter les chances qu'Israël finisse par l'accepter.

Toutefois, les commentateurs israéliens se montraient pessimistes sur les chances de succès de M. Kerry, la radio militaire indiquant que le gouvernement israélien refusait de présenter une carte d'un futur État palestinien, demandée par Mahmoud Abbas, ou des «gestes de bonne volonté significatifs» pour le convaincre de revenir à la table des négociations.

Le ministre du Logement, Uri Ariel, un colon du parti nationaliste religieux du Foyer Juif, a exclu tout gel de la colonisation. «Nous construisons et nous continuerons à construire partout», a prévenu le ministre.

M. Ariel a annoncé mardi la construction de 50 logements situés à Jérusalem-Est annexée destinés à des rescapés de la Shoah.

Le président palestinien, qui a reçu dimanche M. Kerry à Ramallah (Cisjordanie), a réitéré ses exigences pour reprendre les négociations, à savoir un gel de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et une reprise des pourparlers sur la base des lignes de juin 1967, c'est-à-dire avant le début de l'occupation israélienne.