Revenus des espoirs de paix soulevés par le président américain Barack Obama au début de son premier mandat, les Palestiniens espèrent de sa visite des mesures concrètes pour améliorer leur sort face à l'occupation israélienne.

«Nous espérons que cette année, la situation permettra le début de pourparlers substantiels avec Israël, bien que nous n'ayons pas de grands espoirs», a confié jeudi le président palestinien Mahmoud Abbas, reçu à Moscou par le chef de l'État russe Vladimir Poutine.

De fait, c'est un président américain aux ambitions amoindries qui revient au Moyen-Orient, pour «écouter», mais pas pour annoncer de grandes initiatives, selon ses propres dires.

Un groupe indépendant, les «Palestiniens pour la dignité», a appelé à manifester mardi contre cette visite pour rejeter «le retour à de futiles négociations» avec Israël.

Ils dénoncent les «tentatives de la "direction" palestinienne d'alléger l'atmosphère, par des déclarations sur des pressions d'Obama envers le gouvernement israélien sur la question des prisonniers, ou des promesses d'aumône américaine».

La priorité des efforts diplomatiques du président Abbas est la libération d'un millier de Palestiniens détenus par Israël, a indiqué jeudi le négociateur Saëb Erakat.

Le président américain sera accompagné par son secrétaire d'État John Kerry, qui s'est déclaré en février déterminé à verser à l'Autorité palestinienne 700 millions de dollars d'aide américaine, dont 495 bloqués depuis de longs mois par le Congrès.

La Maison-Blanche a précisé jeudi qu'il était «important pour lui (Obama) de renforcer le soutien américain à l'Autorité palestinienne», dans une possible allusion au déblocage de cette aide.

La porte-parole du département d'État Victoria Nuland s'est dite vendredi «confiante dans le fait que cette question serait abordée pendant le voyage du président».

«Tous ses oeufs dans le panier américain»

Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a pour sa part exhorté Mahmoud Abbas, qui doit recevoir le 21 mars le président américain à Ramallah (Cisjordanie) à «ne pas tomber dans le piège de la visite d'Obama dans la région en fermant la porte à la réconciliation» palestinienne.

Dans un éditorial, le quotidien Al-Qods raille «l'apparente détermination des Palestiniens à mettre tous leurs oeufs dans le même panier, voire la ferme tout entière», alors que «le panier américain sans fond a épuisé l'énergie des Palestiniens et neutralisé leur résistance».

«L'État de Palestine n'a toujours pas adhéré à la Cour pénale internationale afin de poursuivre Israël pour ses crimes, près de quatre mois après le changement de statut de la Palestine à l'ONU», déplore le journal, en référence à une option agitée par les dirigeants palestiniens qui inquiète Israël et les États-Unis.

«Je dirai à Abou Mazen (Mahmoud Abbas, NDLR) qu'essayer d'aller unilatéralement, par exemple à l'ONU, en contournant Israël, ne marchera pas», a déclaré le président américain dans un entretien à la télévision israélienne.

Malgré le scepticisme ambiant, certains veulent croire à la volonté de Barack Obama de tenir enfin ses promesses déçues.

Nimr Hammad, conseiller politique de M. Abbas, a dit à l'AFP espérer que «le président Obama réalise ce qu'il a promis dans son discours à l'Université du Caire (juin 2009), l'arrêt de la colonisation sous toutes ses formes, principal obstacle à un État palestinien, et ce qu'il a dit (septembre 2010) sur son espoir de voir bientôt la Palestine membre à part entière à l'ONU».

Dans une lettre ouverte, le réseau des ONG palestiniennes à Gaza a appelé le président américain à un «changement sérieux» de sa politique dans le conflit. Le coordinateur du réseau, Amjad Chawwa a ainsi reproché à M. Obama d'être «revenu sur son discours du Caire lors de son premier mandat, sous la pression (du premier ministre israélien Benyamin) Nétanyahou et du lobby sioniste».