Sous haute surveillance, le Danemark célébrait dimanche les valeurs démocratiques fondamentales lors des commémorations  des attentats de Copenhague du 14 février 2015, qui avaient fait deux morts, un cinéaste et un fidèle juif.

«Nous devons vivre en harmonie (...), devons protéger la démocratie et la tradition que nous avons depuis des années au Danemark de vivre côte à côte même si nous croyons en un dieu différent», a affirmé à la presse le premier ministre, Lars Løkke Rasmussen.

Les commémorations se sont achevées par une marche silencieuse, à laquelle près de 2000 personnes ont participé, entre la synagogue et le centre culturel visés par les attaques, à la lumière de bougies.

«Nous devons nous tenir droits et nous devons nous mobiliser contre la haine et la violence (...) ici ou autre part dans le monde», a dit à l'AFP Harold Ryan, un journaliste à la retraite qui a parcouru à pied avec sa femme les 3,9 kilomètres qui séparent les deux endroits.

Une «ville différente»

Dans l'après-midi, l'association Finn Nørgaard, du nom du cinéaste tué lors d'une des deux attaques, qui soutient principalement les jeunes issus de l'immigration, avait organisé un événement au Parlement rassemblant des personnalités diverses, dont le premier ministre.

«Avec l'association, nous voulons nous assurer que cette chose insensée qui nous a privés de Finn ne se reproduira plus», a expliqué à l'AFP le fondateur de l'organisation, Jesper Lynghus. «Copenhague est aujourd'hui une ville différente de celle d'il y a un an», a-t-il ajouté.

«Nous n'allons ni céder, ni renoncer», a martelé le chef du gouvernement. «Nous sommes dans une situation où il y a toujours une sérieuse menace contre le Danemark. Ça n'a pas changé. Mais nous avons aussi agi. (...) Nous avons équipé nos services de renseignement et notre police», a-t-il souligné.

Le 14 février 2015, un jeune Danois d'origine palestinienne, Omar El-Hussein, avait ouvert le feu à l'arme automatique sur un centre culturel où des personnalités participaient à une conférence sur le thème «Art, blasphème et liberté».

Parmi ces personnalités, le dessinateur suédois Lars Vilks, cible des islamistes depuis ses caricatures du prophète Mahomet publiées en 2007.

Le cinéaste danois Finn Nørgaard, 55 ans, est tué, trois policiers sont blessés. L'assaillant parvient à s'enfuir et, le soir même, il abat un fidèle juif de 37 ans, Dan Uzan, devant une synagogue, touchant également deux policiers.

Le jeune homme, qui sortait de prison pour une agression à l'arme blanche, est abattu quelques heures plus tard dans un échange de tirs avec la police.

L'immigration en question

Depuis un an, l'enquête progresse. On sait que, sur Facebook, Omar El-Hussein, 22 ans, avait prêté allégeance à l'organisation État islamique.

Dans un cybercafé, peu avant sa mort, il avait écrit à ses «frères», se vantant d'avoir gagné sa place au «paradis» et leur transférant ses économies.

Il y a quelques jours, une radio a affirmé qu'il portait sur lui un Coran de poche en arabe quand il a été tué.

La police n'a toutefois toujours pas communiqué sur les motivations de ses actes même si elles n'ont jamais fait de doute. «Cela peut s'expliquer par le fait qu'on n'ait pas souhaité donner du crédit à l'amalgame fait entre islam et terrorisme», a justifié un ancien haut responsable des services de sécurité, Hans Jørgen Bonnichsen, cité par l'agence Ritzau.

Au cours de l'année écoulée, le ton du débat sur l'intégration des musulmans au Danemark s'est sensiblement durci, se retrouvant mêlé à celui sur la politique migratoire du pays.

Le Danemark a enregistré 21 000 demandes d'asile en 2015, devenant -- proportionnellement à sa population -- l'un des pays européens à accueillir le plus de réfugiés, avec l'Allemagne, la Suède, l'Autriche et la Finlande.

Ancien champion des droits des réfugiés, le petit royaume a progressivement changé son fusil d'épaule sous l'influence du Parti populaire danois (DF, anti-immigration), soutien au Parlement des gouvernements de droite.