Les autorités allemandes cherchaient mardi à expliquer un choc frontal entre deux trains régionaux qui a fait dix morts et 81 blessés, survenu dans la matinée en Bavière, dû selon la presse à une «erreur humaine».

Les pistes du «problème technique ou (d'une erreur) humaine» sont à l'étude, a déclaré le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, sur la chaîne de télévision allemande n-tv .

La voie ferrée sur laquelle circulaient ces deux trains Meridian, marque de la compagnie bavaroise BOB, était «sécurisée par le système PZB 90» censé «forcer les trains au freinage» pour éviter toute collision, a-t-il ensuite expliqué à la presse.

Mais le réseau RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND), qui regroupe 30 journaux régionaux, a assuré que le système d'aiguillage automatique avait été «désactivé» manuellement. Selon le quotidien Bild, cette manoeuvre a pour effet de désactiver le freinage automatique.

D'après la RND, il s'agissait de laisser un «train en retard», le premier impliqué dans l'accident, s'engager sur un tronçon à une voie. Or, avant qu'il n'ait pu rejoindre le point où les rails se séparent à nouveau, le poste d'aiguillage a laissé partir un deuxième train en sens inverse.

Contactée par l'AFP, la police bavaroise s'est refusée à tout commentaire. Deux des trois boîtes noires ont pu être récupérées, et les enquêteurs recherchent toujours la troisième pour tirer au clair les circonstances de l'accident.

Selon M. Dobrindt, le choc, près de la ville thermale de Bad Aibling, a dû se produire «à une vitesse élevée», les trains pouvant atteindre 100 km/h sur ce tronçon situé «dans un virage, si bien que les deux conducteurs n'avaient pas de contact visuel».

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«Bouleversée et triste»

Dix personnes sont mortes et une autre est portée disparue, avec de «faibles espoirs» de la retrouver vivante, a annoncé la police bavaroise en fin d'après-midi. L'accident a par ailleurs fait 18 blessés graves et 63 légers.

«Je suis bouleversée et triste», a réagi la chancelière Angela Merkel, tandis que son parti conservateur CDU, ses partenaires bavarois de la CSU et les Verts ont annulé leurs traditionnelles célébrations prévues pour le mercredi des Cendres, le lendemain de l'accident.

La compagnie BOB est une filiale de Transdev, qui appartient au groupe français Veolia et à l'État français. Les trains de Meridian circulent sur le réseau régional bavarois.

Le choc s'est produit vers 07h00 locales sur la ligne entre Rosenheim et Holzkirchen, dans un bois situé à environ 60 km au sud-est de Munich, la capitale de la Bavière.

Peu après son départ de la gare de Kolbermoor, «le train a subitement freiné, il y a eu un énorme bruit et la lumière s'est éteinte», a raconté un passager présenté comme étant «Patrick B.» à la radio Rosenheim 24.

D'après Joachim Hermann, le ministre bavarois de l'Intérieur, environ 700 secouristes ont été déployés sur les lieux.

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Sécurité renforcée depuis 2011 

Les sauveteurs ont dû découper l'avant des deux trains à la scie à métaux pour accéder à l'intérieur. Des débris métalliques, jaunes, bleus et argentés - les couleurs du train -, jonchaient le sol.

Le transport ferroviaire allemand a été libéralisé à la fin des années 1990 et BOB est l'un des opérateurs concurrents de l'ex-monopole Deutsche Bahn. Celui-ci est toujours propriétaire du réseau ferré.

Plusieurs accidents ferroviaires sont survenus ces dernières années en Allemagne.

Les plus récents, en novembre et mai 2015, ont fait chacun deux morts, à la suite de collisions entre des trains et des véhicules. En janvier 2011, dix personnes avaient perdu la vie dans la collision entre deux trains à Hordorf (est), entraînant la généralisation en Allemagne du système PZB 90.

Un accident beaucoup plus grave avait eu lieu en 1998 : un InterCity Express (ICE), un train à grande vitesse reliant Munich (sud) à Hambourg (nord), avait déraillé, faisant 101 morts et 88 blessés à Eschede (nord). C'est la catastrophe la plus meurtrière en Allemagne depuis 1945 (102 morts près de Munich).

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