Plus de 15 000 Roumains manifestaient dimanche en Roumanie pour le 22e jour consécutif contre un projet de loi du gouvernement ouvrant la voie à l'exploitation en Transylvanie d'une mine d'or canadienne qui prévoit l'utilisation d'une grande quantité de cyanure.

À Bucarest, les 10 000 manifestants, selon un photographe de l'AFP et des médias roumains, ont scandé : «la corporation ne doit pas faire la législation» et «Unis sauvons Rosia Montana», le village où la société canadienne Gabriel Resources prévoit d'extraire 300 tonnes d'or et 1600 tonnes d'argent.

Certains brandissaient des drapeaux roumains et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Rendez-nous le pays» ou «Nous nous sommes réveillés».

«Ce qui m'inquiète c'est qu'ils vont détruire la nature et le patrimoine, les galeries minières romaines. Mais nous continuons à faire de la résistance. Trois semaines sont passées et nous sommes toujours là», a déclaré à l'AFP Nicoleta Bogza, une étudiante.

Environ 12 000 tonnes de cyanure par an, soit 12 fois plus que la quantité de cyanure utilisée dans l'ensemble de l'Union européenne pour l'exploitation minière, seront nécessaires pour ce projet qui prévoit le déplacement de centaines de familles et la destruction partielle de quatre montagnes.

Le gouvernement de centre gauche de Victor Ponta, qui s'était engagé à bloquer le projet au cours de la campagne électorale, a suscité la colère d'une partie des Roumains en adoptant à la surprise générale fin août un projet de loi qui ouvre la voie à ce projet et facilite les expropriations.

Depuis trois semaines, des dizaines de milliers de Roumains, dont une majorité de jeunes, sont descendus dans la rue pour dénoncer le projet de mine, organisant marches et flash-mobs. Comme dans d'autres pays des Balkans, ces manifestations d'une ampleur sans précédent depuis les années 1990 se sont transformées en protestation contre le gouvernement et la classe politique, accusés de corruption et de mépris pour l'intérêt public.

La semaine dernière, M. Ponta avait laissé entendre que ce projet serait enterré «rapidement». Il a changé d'avis par la suite et a accepté la mise en place d'une commission parlementaire spéciale sur ce projet et des débats au Parlement qui devraient durer jusqu'à la mi-novembre.

Gabriel Resources qui veut exploiter le gisement à travers sa filiale à 80% Rosia Montana Gold Corporation, l'État roumain détenant les 20% restants, affirme que les normes européennes d'environnement seront respectées et promet 900 emplois pendant les 16 ans d'exploitation.