La chancelière Angela Merkel s'est montrée «souveraine», son rival Peer Steinbrück n'a pas dérapé : à trois semaines des législatives allemandes, leur unique débat télévisé s'est soldé par un match nul, selon les sondages et les commentateurs.

«Ce fut un match nul», a estimé l'hebdomadaire allemand Der Spiegel sur son site internet. Et selon l'institut de sondage Forsa, 44% des Allemands ont estimé que Mme Merkel avait gagné le duel, tandis que 43% d'entre eux voyait une victoire du social-démocrate Peer Steinbrück.

Pour M. Steinbrück, 66 ans, qui devait absolument rattraper son retard par rapport à la chancelière - près de 30 points les séparait dans les sondages -, ce débat n'a par conséquent pas eu l'effet escompté.

Les vainqueurs de la soirée, selon l'édition en ligne du quotidien populaire Bild, furent l'ancien candidat au concours Eurovision de la chanson devenue présentateur de variétés, Stefan Raab qui était l'un des quatre interviewers, et le collier de la chancelière, aux couleurs nationales noir, rouge et or, qui a mis twitter en ébullition.

Mme Merkel, qui a 59 ans, espère un nouveau mandat de quatre ans après les élections du 22 septembre, a défendu son bilan, tandis que M. Steinbrück, qui fut son ministre des Finances dans une «grande coalition» de 2005 à 2009, a prôné des avancées sociales.

«Vous me connaissez. (...) Nous avons eu quatre bonnes années en Allemagne», a-t-elle souligné, promettant de continuer à s'engager pour la prospérité de la première économie de la zone euro, «moteur de croissance et modèle de stabilité».

«Aujourd'hui, nous avons besoin d'un élan, nous faisons du sur-place», lui a lancé M. Steinbrück. Il a de nouveau plaidé en faveur de davantage de justice sociale, notamment un salaire minimum généralisé de 8,50 euros de l'heure dans un pays qui en est dépourvu.

Il a également réaffirmé que s'il avait été chancelier les plans d'aide aux pays du Sud endettés auraient comporté des mesures de relance. Mais Mme Merkel l'a remercié avec malice d'avoir été un «bon Européen» en apportant les voies du Parti social-démocrate (SPD) aux plans de sa majorité conservatrice-libérale.

Mme Merkel a répété de son côté qu'il ne fallait «pas laisser retomber la pression sur les réformes», réaffirmant au passage que la Grèce avait été admise dans la zone euro sans remplir les critères - sous un gouvernement allemand qui était alors social-démocrate et vert.

Au sujet de la crise syrienne, tous deux ont réaffirmé leur opposition à une intervention militaire de l'Allemagne, répondant au souhait d'une population généralement hostile à tout engagement à l'étranger depuis la chute du troisième Reich.

En terme de popularité, près de 30 points séparent M. Steinbrück de la chancelière dans les sondages. Depuis l'annonce de sa candidature à la chancellerie fin septembre 2012, il a même perdu du terrain par rapport à la personnalité politique préférée des Allemands.

Mme Merkel s'est offert le luxe de saluer les réformes du marché du travail mises en place par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, baptisées Agenda 2010. M. Steinbrück s'est engagé à y apporter certaines corrections.

Selon un sondage paru dans l'édition dominicale de Bild, le quotidien le plus lu du pays, les conservateurs de Mme Merkel sont crédités de 39% des intentions de vote aux législatives du 22 septembre, soit plus que les sociaux-démocrates et leur traditionnel allié écologiste réunis (respectivement 23% et 11%). Les libéraux, petit partenaire de la coalition gouvernementale, recueillent quant à eux 6% des intentions de vote.

Il y a quatre ans, près de 14 millions de téléspectateurs avaient regardé Mme Merkel et son vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, échanger des amabilités.

En 2005, ils étaient 21 millions à assister au débat entre Mme Merkel et le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder. Aux yeux des commentateurs, ce dernier en était sorti victorieux, mais ce fut la candidate conservatrice qui s'installa à la chancellerie à l'issue des élections.