Un homme de 25 ans est mort criblé de balles lundi soir à Marseille, au coeur du quartier touristique de l'Estaque, au lendemain d'une rixe mortelle à deux pas du Vieux-Port, une succession de faits divers qui intervient un an après la mise en place d'un comité interministériel pour endiguer la violence.

Les faits se sont déroulés vers 22h dans les quartiers nord à l'Estaque (16e arrondissement), à l'extrémité du port de plaisance et non loin de l'espace Mistral, un lieu de concerts et de loisirs fréquenté par de nombreuses familles ainsi que des touristes, selon la maire socialiste du secteur Samia Ghali qui s'est rendue sur place.

Le jeune homme, connu des services de police et domicilié dans le même arrondissement, se trouvait au volant d'une Audi quand il a été pris pour cible par deux hommes en scooter qui ont fait feu à une dizaine de reprises avec un pistolet 9 mm.

Il a terminé sa course sur le trottoir et a tenté de fuir ses agresseurs avant de s'écrouler à terre, a-t-on expliqué de source proche de l'enquête, soulignant que «les tueurs avaient fait preuve d'une certaine technicité».

La famille et des proches de la victime étaient présents sur les lieux du drame, dans une ambiance tendue. Un important périmètre de sécurité était mis en place par la police, alors que les journalistes étaient tenus à distance, a constaté un photographe de l'AFP.

«Je demande à ce qu'on se réveille», a réagi Mme Ghali, candidate aux primaires PS municipales. «Il y a un an jour par jour, j'avais tiré la sonnette d'alarme en lançant un appel à l'armée dans les cités, et la situation est toujours la même!», a-t-elle lancé, se disant «scandalisée».

L'enquête a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire, déjà saisie de plusieurs affaires de ce type. Selon le décompte de l'AFP, il s'agit du 13e règlement de comptes mortel recensé dans la ville et sa région depuis début 2013 après une année 2012 particulièrement sanglante (24 morts dans les Bouches-du-Rhône), un chiffre auquel il faut rajouter dix blessés dans neuf tentatives.

Ce nouvel homicide intervient au lendemain d'une agression mortelle dimanche à l'aube, cours Jean-Ballard, à proximité immédiate du Vieux-Port. Trois hommes ont poignardé un garçon de 18 ans qui a succombé à ses blessures, avant de s'en prendre à un infirmier des urgences, un acte qui a suscité un vif émoi au sein du personnel hospitalier.

Deux d'entre eux ont été interpellés lundi, amenant le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, à saluer la «réactivité de la police». «Nous avons mis beaucoup de moyens à Marseille (..) Nous allons regarder cette affaire attentivement», a déclaré le ministre en marge d'une visite à Avion (Pas-de-Calais).

La semaine dernière, lors d'un nouveau déplacement à Marseille, M. Valls avait assuré que le travail d'enquête sur les réseaux de drogue, «un travail de longue haleine», était «en train de payer».

Dans la foulée du comité interministériel du 6 septembre 2012 consacré à la deuxième ville de France, deux Zones de sécurité prioritaires (ZSP) ont été créées, au nord (3e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements) et au sud (9e, 10e, 11e). Une mise en place qui s'est accompagnée de l'arrivée de 230 policiers et gendarmes et de trois unités de forces mobiles permanentes.

Mais la récente succession de faits divers tragiques, avec notamment la mort de Jérémie Labrousse, un étudiant égorgé le 9 août dans le centre-ville, a relancé le débat sur la nécessité de nouveaux renforts policiers et la mise en zone de sécurité prioritaire de l'ensemble de la ville, réclamée par plusieurs élus.

Lundi, c'était au tour du MoDem de dénoncer, par la voix de son secrétaire général Christophe Madrolle, «l'échec de la Valls hésitation». «Chaque semaine, c'est le même défilé, les mêmes annonces, les mêmes artifices de communication, Manuel Valls envoie des fourgons de CRS, le temps d'une conférence de presse et de quelques photos. Puis ils repartent comme ils sont venus. Finalement, sur le terrain, rien ne change», a-t-il déploré dans un communiqué.