La France est «préoccupée» par la loi russe interdisant la propagande de l'homosexualité, à l'origine d'appels au boycottage des JO de Sotchi en 2014, un texte remettant en cause la liberté d'expression, a déclaré lundi la ministre des Sports, Valérie Fourneyron.

À l'issue d'entretiens avec son homologue russe Vitali Moutko à Moscou en marge des Mondiaux-2013 d'athlétisme, Mme Fourneyron a souligné que la France était «très clairement opposée à toute discrimination fondée sur l'orientation sexuelle».

«J'ai pu dire à mon homologue que la France était préoccupée par l'adoption, la mise en oeuvre de la loi russe relative à la propagande sur les relations sexuelles non traditionnelles vis-à-vis des mineurs, qui remet en cause de facto la liberté d'expression de toute personne, qu'elle soit LGBT (lesbienne, gaie, bisexuelle, transsexuelle) ou non, qui souhaiterait s'exprimer sur ce sujet», a déclaré Mme Fourneyron dans un entretien téléphonique à l'AFP.

Le président russe Vladimir Poutine a promulgué en juin un texte de loi qui sanctionne tout acte de «propagande» homosexuelle devant les mineurs. Les étrangers risquent une amende de 100 000 roubles (3120 $) maximum, jusqu'à 15 jours de détention et l'expulsion du pays.

Le texte est jugé discriminatoire par les défenseurs des droits de l'homme et a déjà suscité de nombreuses critiques à travers le monde, à six mois des Jeux olympiques à Sotchi, dans le sud de la Russie.

Un site «Boycottage Sotchi 2014» créé sur Facebook par la communauté homosexuelle a déjà recueilli des milliers de signatures, et des défenseurs de la cause gaie ont appelé à boycotter la vodka russe.

La ministre française a pour sa part estimé que l'idée d'un boycottage des Jeux de Sotchi, rejetée par le président américain Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron, était une question «pour le moins très prématurée».

«Nous pensons aujourd'hui qu'il est beaucoup plus de notre devoir de continuer les uns et les autres à sensibiliser les autorités russes» aux problèmes créés par cette loi, a ajouté Mme Fourneyron.

Le ministère russe de l'Intérieur a estimé lundi dans un communiqué que les appels au boycottage visaient à «jeter le discrédit sur les Jeux olympiques de Sotchi».

La Russie «garantit» que les JO du 7 au 23 février dans cette station balnéaire des bords de la mer Noire se dérouleront «sans discrimination des sportifs, officiels, spectateurs et représentants de la presse quelle que soit leur race, religion, appartenance politique ou orientation» sexuelle, a déclaré de son côté, le président du comité olympique russe, Alexandre Joukov, cité par l'agence Ria Novosti.

Le ministre russe des Sports a lui aussi déclaré à son homologue française avoir assuré au Comité international olympique (CIO) qu'il n'y aurait aucune discrimination à l'occasion des Jeux de Sotchi pour les sportifs.

Mais le sujet ne se limite «pas uniquement» aux homosexuels pendant les compétitions sportives, a estimé M. Fourneyron.

«Il me semble que quand on a une stratégie comme celle de la Russie d'accueillir beaucoup de compétitions internationales, il ne suffit pas de savoir les accueillir, il faut aussi les accueillir en respectant un certain nombre de règles qui sont celles non seulement d'une charte olympique, mais au-delà, d'une démocratie qui aujourd'hui est celle qu'ils revendiquent» en Russie, a observé la ministre.