Traits tirés, regard sombre, voix hésitante: Mario Carrera était encore sous le choc hier soir après le terrible accident de train qui a tué 80 personnes mercredi à Saint-Jacques-de-Compostelle, dans sa Galice natale.

Comme des dizaines d'autres fidèles, l'Espagnol installé à Paris depuis les années 60 a assisté à une messe spéciale à la cathédrale de Notre-Dame pour honorer la mémoire des victimes. «C'est vraiment inouï cet accident, dès qu'on a su qu'il y avait une messe, on a accouru, a-t-il dit à La Presse. Dire qu'on a pris cette même ligne de train il y a un mois à peine...»

Purificacion Lopez-Perez, sa conjointe, avait les yeux rougis peu avant le début de la cérémonie. «Je ressens beaucoup de peine, beaucoup de tristesse pour tous les Espagnols. J'ai voulu rendre hommage à ceux qui n'ont pas survécu à la tragédie.»

Dans les premières rangées de la cathédrale bondée de touristes, on trouvait de nombreux ressortissants espagnols. Plusieurs se sont enlacés avec chagrin. L'évêque auxiliaire de Paris, Michel Montpetit, a ensuite demandé dans sa présentation de «porter dans nos prières tous ceux qui ont été victimes de cette terrible catastrophe».

Le déraillement de Saint-Jacques-de-Compostelle a trouvé un écho particulier en France. D'une part, l'Hexagone compte une importante population espagnole, encore très attachée à ses origines. Mais surtout, cet accident survient moins de deux semaines après celui de Brétigny-sur-Orge, en banlieue de Paris.

Cette catastrophe ferroviaire - la pire des 25 dernières années en France - a fait six morts et des dizaines de blessés, en plus de relancer un vaste débat sur la sécurité du réseau ferroviaire national.

Les réactions ont été nombreuses chez les politiciens français hier. Le président François Hollande a fait part de sa "consternation" et de sa "tristesse", en plus d'exprimer «la totale solidarité de la France».

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a quant à lui souligné «sa profonde émotion à la suite de la terrible catastrophe ferroviaire qui a frappé l'Espagne». Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, a enfin voulu «exprimer [sa] solidarité au peuple espagnol et aux autorités dans cette épreuve dramatique».

Les témoignages de solidarité du grand public de partout sur la planète ont par ailleurs afflué toute la journée sur Twitter. Plusieurs dizaines de messages étaient diffusés chaque minute avec le mot-clic #accidentesantiago.

L'accident espagnol n'a fait aucune victime française, a confirmé en après-midi Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères. Cela tient presque du miracle, compte tenu de la popularité de la destination auprès des touristes de l'Hexagone.