La série noire s'est poursuivie vendredi pour le Boeing 787 Dreamliner, victime de deux incidents au Royaume-Uni, un incendie dans un avion vide à Heathrow et une avarie technique sur un autre appareil en partance pour la Floride contraint de rebrousser chemin vers Manchester.

L'action du constructeur aéronautique, dont le dernier né avait déjà été cloué au sol pendant plus de trois mois en début d'année en raison de doutes sur sa sécurité, a immédiatement chuté à la Bourse de Wall Street, perdant plus de 6% à l'annonce du premier incident.

L'incendie a été signalé vendredi vers 15H30 (heure locale) sur un 787 d'Ethiopian Airlines stationné à l'aéroport londonien d'Heathrow. L'avion était heureusement vide au moment du sinistre et aucune victime n'a été déplorée.

Tous les vols à Heathrow, le plus grand aéroport de Londres et le plus important du monde en terme de trafic, ont été suspendus pendant une heure et demie.

Les causes du sinistre n'ont pas été immédiatement déterminées. «Nous avons du personnel de Boeing sur le terrain à Heathrow et nous cherchons à comprendre pleinement (l'incident) et à y faire face», a simplement commenté un porte-parole du groupe joint par l'AFP aux États-Unis.

Des images diffusées par les télévisions britanniques ont montré cinq camions de pompiers s'activant autour du Boeing, entouré de neige carbonique, sur un parking situé à l'écart des pistes.

Les autorités américaines de l'aviation (FAA), qui avait autorisé à nouveau le Dreamliner à voler fin avril, ont indiqué être en contact avec le constructeur au sujet de la nouvelle alerte. Un autre problème est survenu juste après sur un 787 qui faisait route vers la Floride, et qui a été obligé de revenir se poser à Manchester (nord) peu après son décollage, en raison d'un «incident technique», selon la compagnie aérienne Thomson Airways.

Ce transporteur, le premier au Royaume-Uni à utiliser des Dreamliner, a expliqué que la mesure avait été prise «à titre de précaution», sans fournir plus d'explications.

L'appareil, qui avait décollé de Manchester vers 16H40 (heure locale) avec un nombre indéterminé de passagers, a atterri «sans problème», selon l'aéroport. Ethiopian Airlines avait pour sa part été la première compagnie à reprendre fin avril les vols commerciaux sur des 787, après la levée de leur interdiction de vol.

Les 50 Dreamliners exploités dans le monde avaient tous été cloués au sol à la mi-janvier après deux cas graves de surchauffe de batteries lithium-ion survenus d'abord sur un avion à Boston aux États-Unis, puis au Japon, contraignant un appareil de la compagnie All Nippon Airways à effectuer un atterrissage d'urgence.

Boeing a modifié depuis la conception de ces batteries, sans avoir toutefois trouvé la cause du problème. Il a assuré que les solutions techniques apportées garantissaient la sécurité de cet appareil, entré en service en 2011 avec trois ans de retard.

Les ennuis de cet avion de nouvelle génération, qui ont contraint Boeing à indemniser certaines compagnies clientes, ne se sont pas arrêtés pour autant.

Mi-juin, un vol de la compagnie All Nippon Airways avait dû être annulé, car un moteur du 787 n'avait pas voulu démarrer. Et un autre vol de Japan Airlines à destination de Singapour avait dû faire demi-tour, en raison d'un problème de dégivrage. Moins de quinze jours plus tard, un 787 a été contraint de faire demi-tour vers Houston en raison d'un problème de freins, après environ trois heures de vol.

Cette accumulation de mauvaises nouvelles n'a toutefois pas paru décourager la compagnie britannique Virgin Atlantique, qui doit recevoir 16 Boeing 787 Dreamliners à l'automne 2014: elle a confirmé vendredi sa commande, sûre que Boeing «faisait tout pour entreprendre les actions appropriées».