«Figure majeure» mais aussi «macho de droite»: si les réactions politiques au Royaume-Uni soulignaient l'importance historique de Margaret Thatcher, le décès de la Dame de Fer suscitait aussi des commentaires féroces, reflétant sa personnalité hautement controversée.

Le Premier ministre conservateur David Cameron a rendu l'hommage le plus appuyé à son illustre prédécesseur en estimant qu'elle avait «sauvé le pays».

Et les anciens chefs de gouvernement, conservateur ou travaillistes, n'ont pas été en reste pour saluer la mémoire de ce personnage politique majeur du 20e siècle.

John Major, qui a succédé à Margaret Thatcher après sa démission en 1990 mais est toujours resté dans son ombre envahissante, a rendu hommage à son «courage et sa détermination en politique et son humanité et sa générosité d'esprit en privé».

Du côté de l'opposition travailliste, Tony Blair a également vu en Margaret Thatcher «une figure politique majeure», qui sera «amèrement regrettée».

«Même si vous n'étiez pas d'accord avec elle comme cela a été mon cas sur certaines questions, et parfois fortement, vous ne pouvez pas manquer de respect à sa personnalité ou à sa contribution à la vie nationale britannique», a-t-il ajouté.

Mais la mort de celle qui «restera toujours une figure controversée», selon les termes du leader de l'opposition travailliste Ed Miliband, n'était pas pleurée par tout le monde.

«Je compatis, comme pour la mort de n'importe quelle personne. Elle, en revanche, n'a montré aucune empathie pour les victimes de sa politique dure et sans pitié», a réagi Peter Tatchell, militant des droits de l'homme.

Fustigeant ses positions ultra-libérales, il a estimé qu'elle avait «initié la politique qui a mené à la crise économique actuelle». «A son crédit, Margaret Thatcher a brisé le plafond de verre sexiste en politique. Mais une fois Premier ministre elle a fait très peu pour les droits des femmes, elle était un macho de droite», a-t-il encore accusé.

Du côté des syndicats de mineurs, ennemis jurés de Margaret Thatcher qui avait écrasé la grande grève de 1984-1985, l'heure était carrément aux réjouissances.

«Je bois un verre en ce moment précis. C'est un jour merveilleux, je suis ravi», a déclaré à l'AFP David Hopper, responsable régional du syndicat des mineurs (NUM) dans le nord-est de l'Angleterre.

«Bon débarras», a lancé le syndicat dans un communiqué. «Margaret Hilda Thatcher est partie mais les dommages causés par sa politique fatale persistent malheureusement».

En Irlande du Nord, le président du parti républicain irlandais Sinn Fein, Gerry Adams, a également eu des mots durs à l'égard de celle qui avait fait preuve d'une intransigeance absolue à l'égard de son mouvement.

«On se souviendra particulièrement de Margaret Thatcher pour son rôle honteux lors des grèves de la faim héroïques de 1980 et 81 (de prisonniers républicains irlandais)», a-t-il dit.

L'ancien chanteur des Smiths, Morrissey, qui a toujours exprimé des vues hostiles à Margaret Thatcher, a réitéré ses critiques en la qualifiant de «barbare», «sans un atome d'humanité».

Mais devant la maison à Londres de la Dame de Fer, des fleurs déposées par des admirateurs s'amoncelaient. «Vous avez fait de la Grande-Bretagne ce qu'elle est devenue», était-il écrit sur une carte, saluant le «plus grand dirigeant britannique».

Sur les réseaux sociaux, la mort de Margaret Thatcher déclenchait aussi des réactions contrastées.

Le chanteur du boys band One Direction, Harry Styles, a rendu hommage à l'ex-Premier ministre: «Repose en paix, baronne Thatcher», a-t-il tweeté. A l'inverse le parlementaire George Galloway lui souhaitait de «brûler dans les flammes de l'enfer».

Des commentaires réjouis circulaient sous le hashtag nowthatchersdead, tandis que d'autres s'indignaient de voir s'exprimer de tels sentiments.

Sur Facebook, des groupes s'étaient constitués en prévision de la mort de Thatcher pour fêter l'événement.

Environ deux cents personnes ont improvisé dans le quartier londonien populaire et multiethnique de Brixton une fête de rue pour dire «bon débarras», après la mort de l'ancien Premier ministre.

De deux à trois cents personnes se sont aussi rassemblées à Glasgow, sur la place George Square, théâtre en 1989 de manifestations contre la poll tax, une réforme des impôts locaux qui a précipité la chute de Margaret Thatcher.