Un détenu de Guantanamo torturé par la CIA il y a une dizaine d'années a besoin de soins pour faire face aux conséquences de ces sévices, selon l'ONG de défense des droits de l'homme Amnistie International.

La branche américaine d'Amnistie a écrit au responsable des affaires de santé au Pentagone pour réclamer ces soins pour le Saoudien Moustapha al-Houssaoui, l'un des cinq détenus de Guantanamo accusés d'avoir planifié les attentats du 11-Septembre.

Moustapha al-Houssaoui souffre de plusieurs problèmes dans le rectum, «très douloureux et humiliants», qui «pourraient bien être le résultat de tortures de fonctionnaires américains: en clair de la sodomie par un corps étranger pendant sa détention par la CIA», selon ce courrier signée par Margaret Huang, directrice d'Amnistie Internationale aux États-Unis, et rendu public mercredi.

Or il n'a reçu qu'un «traitement symptomatique minimal» à base de médicaments antidouleur, et n'a pas pu avoir accès notamment à une consultation chirurgicale nécessaire, selon Amnistie, qui cite ses avocats.

«Ne pas fournir des soins médicaux appropriés et continus à un détenu (...) contrevient aux obligations légales internationales des États-Unis», selon la lettre d'Amnistie Internationale.

Un porte-parole du Pentagone, Gary Ross, interrogé par l'AFP, a refusé de commenter le cas particulier de Moustapha al-Houssaoui.

Mais il a assuré que «tous les détenus» du camp de prisonnier de l'île cubaine «reçoivent un traitement médical et dentaire équivalent à celui des militaires américains en poste» à Guantanamo.

Les sévices subis par Moustapha al-Houssaoui des mains de la CIA sont évoqués dans le rapport du Sénat américain sur la torture publié en décembre 2014.

Plus de 14 ans après les attaques qui ont tué près de 3000 personnes à New York, au Pentagone et en Pennsylvanie, la procédure judiciaire contre al-Houssaoui et quatre co-accusés est toujours engluée dans un feuilleton sans fin.

Les innombrables motions de la défense et le casse-tête logistique de transporter à chaque audience juge, avocats et autres personnels de justice n'en finissent pas de bloquer l'avancement du processus.

Parmi les co-accusés de Moustapha al-Houssaoui figure notamment Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed (KSM), qui a publiquement admis être le principal organisateur des attentats du 11-Septembre.