Employée de l'hebdomadaire de gauche The Nation, qui soutient Bernie Sanders, la chroniqueuse politique Joan Walsh a adopté un ton plutôt défensif la semaine dernière pour défendre son appui à Hillary Clinton dans la course à l'investiture démocrate pour la présidence.

«J'ai fait quelque chose en France que je ne fais pas souvent au pays : je suis sortie du placard en tant que fervente partisane d'Hillary Clinton», a-t-elle écrit la semaine dernière après avoir participé à des rencontres avec des étudiants de Paris et de Toulouse.

«Et cette fois-ci, contrairement à 2008, je l'appuie sans excuses en tant que choix idéal et même radical. Et plus que sans excuses : après avoir voté pendant 40 ans pour des présidents mâles, j'appuie Hillary avec enthousiasme et même avec joie», ajoutait Mme Walsh.

Faut croire que Joan Walsh n'est pas la seule progressiste à ne pas voir en Hillary Clinton un éteignoir. Samedi soir, le Des Moines Register a publié son dernier sondage avant la tenue des caucus de l'Iowa, qui lancent aujourd'hui le processus de sélection des candidats démocrate et républicain à l'élection présidentielle de 2016. Ce baromètre, qui est reconnu pour sa fiabilité, accorde à l'ancienne secrétaire d'État 45% des intentions de vote, contre 42% pour le sénateur du Vermont et 3% pour l'ancien gouverneur du Maryland Martin O'Malley.

Chez les républicains, Donald Trump a repris la tête avec 28% des intentions de vote, contre 23% pour Ted Cruz et 15% pour Marco Rubio, ses plus proches rivaux.

Populaire Hillary

Le sondage du Des Moines Register contient une donnée qui semble détruire au moins une idée véhiculée par les médias depuis plusieurs mois, à savoir que Bernie Sanders est le seul candidat démocrate à soulever les passions. Il indique qu'Hillary Clinton suscite l'enthousiasme de 73% des électeurs démocrates de l'Iowa, contre 69 % pour le sénateur du Vermont. Comme quoi la grosseur des foules qu'un candidat attire n'est peut-être pas la seule mesure de sa popularité.

Compte tenu de la minceur de son avance sur Bernie Sanders, Hillary Clinton misera sur cet enthousiasme pour remporter les caucus de l'Iowa, dont le déroulement n'a rien à voir avec une élection ordinaire.

Lundi soir, à partir de 19h (heure locale), les électeurs démocrates se rassembleront dans 1100 endroits différents - maisons, écoles, salles communautaires, etc. - répartis dans les 99 comtés de l'État. Ils exprimeront leur préférence en rejoignant le coin de la pièce réservé à leur candidat préféré. Si celui-ci ne récolte pas 15%, ils pourront faire un autre choix après avoir entendu les arguments de représentants des autres candidats encore en lice. Le tout peut durer plus de deux heures.

Chez les républicains, les électeurs se rassembleront dans près de 900 endroits différents. Contrairement aux démocrates, ils procéderont à un vote secret après avoir écouté les arguments des représentants locaux des candidats de leur parti.

Électeurs chevronnés 

Le sondage du Des Moines Register comporte une autre donnée favorable à Hillary Clinton. L'ancienne secrétaire d'État devance Bernie Sanders chez les démocrates qui participeront «certainement» aux caucus, alors que le sénateur du Vermont mène auprès des démocrates qui le feront «probablement». La différence n'est pas négligeable.

«Les électeurs de Clinton sont plus certains et beaucoup plus susceptibles d'avoir déjà participé à des caucus. Le défi de mobilisation de Bernie, qui compte surtout sur des électeurs néophytes, sera plus grand», explique David Axelrod, ex-gourou politique de Barack Obama.

Chez les républicains, Ted Cruz pourrait combler son retard sur Donald Trump grâce à une meilleure organisation sur le terrain. Le sondage du Des Moines Register indique aussi que les électeurs républicains le considèrent comme plus expérimenté et mieux informé que Donald Trump.

Une victoire d'Hillary Clinton en Iowa lui permettrait de minimiser l'importance du triomphe attendu de Bernie Sanders au New Hampshire, État voisin du Vermont, dont les primaires auront lieu le 9 février. Elle lui permettrait également de consolider ses appuis au Nevada et en Caroline-du-Sud, qui tiendront également des caucus ou des primaires au cours du mois.

En attendant, Hillary Clinton doit espérer que l'enthousiasme exprimé par Maggie Miller sera contagieux.

«Je suis heureuse qu'elle soit une femme, mais c'est la cerise sur tout ce qu'elle fait. Elle se bat pour les minorités, pour la classe moyenne», a confié l'étudiante de 19 ans au Des Moines Register. «J'espère faire partie un jour de la classe moyenne.»

Le souhait semble modeste, mais les caucus de l'Iowa pourraient influer sur sa réalisation.