L'ancien parrain de la mafia de Boston, James «Whitey» Bulger, qui avait échappé à la justice pendant des années et dont le personnage a inspiré Hollywood, a été reconnu coupable lundi de meurtres et d'association de malfaiteurs par un jury du Massachusetts.

Après cinq jours de délibérations, les jurés ont reconnu M. Bulger, 83 ans, coupable de 31 des 32 chefs d'accusation pesant contre lui.

L'ancien parrain a notamment été reconnu coupable dans 11 des 19 meurtres pour lesquels il était jugé.

«Un jury fédéral a aujourd'hui reconnu James J. Bulger coupable (...) du meurtre de 11 personnes, ainsi que de nombreux chefs d'accusation d'extorsion, blanchiment d'argent, trafic de drogue et possession d'armes à feu», a déclaré la procureure Carmen Ortiz dans un communiqué.

M. Bulger doit connaître sa peine le 13 novembre, mais compte tenu des chefs d'accusation pour lesquels sa culpabilité a été établie, il devrait passer le restant de ses jours en prison.

L'ancien mafioso «a conduit un vaste réseau criminel qui est parti du sud de Boston et a contrôlé une grande partie de la ville et de ses environs durant les années 1970 et 1980», a également précisé la procureure.

«Bulger et ses complices sous sa direction ont utilisé la violence, les menaces et l'intimidation pour mener à bien (des) activités illégales», a-t-elle ajouté.

A la sortie du tribunal, les avocats de l'ancien parrain, Hank Brennan et J.W. Carney, ont précisé que leur client ferait appel du verdict.

«Je pense que James Bulger n'a pas encore dit son dernier mot», a déclaré Me Brennan.

L'ancien patron du gang de Winter Hill, qui a figuré pendant des années sur la liste des fugitifs les plus recherchés par le FBI, était poursuivi pour 19 meurtres commis entre 1972 et 2000, mais aussi pour extorsion, blanchiment d'argent et trafic d'armes.

«Farce»

Au cours du procès ouvert le 4 juin, pas moins de 63 témoins se sont succédés à la barre.

Les jurés ont notamment dû écouter Stephen Flemmi, un ancien complice de M. Bulger condamné à la réclusion à perpétuité. Selon M. Flemmi, l'ancien parrain arrachait les dents de ses victimes pour s'assurer que les cadavres ne puissent pas être identifiés.

Le procès a aussi été marqué par la mort d'un témoin, Stephen Rakes, dont le corps sans vie a été retrouvé à la mi-juillet. Il devait initialement raconter comment M. Bulger l'avait racketté dans les années 1980, mais l'accusation avait finalement renoncé à le faire témoigner.

Disparu fin 1994, M. Bulger avait été arrêté en Californie en juin 2011, où il vivait depuis des années sous un faux nom avec sa compagne, Catherine Greig.

L'ex-parrain de la pègre bostonienne, qui avait commencé sa «carrière» à 14 ans, a inspiré le personnage incarné par Jack Nicholson dans le film The Departed (2006) de Martin Scorsese, et de nombreux livres lui sont consacrés.

C'est d'ailleurs l'un des traits les plus saillants de son parcours, sa collaboration avec les autorités, qui a, tant dans le film que dans la réalité, marqué les esprits.

M. Bulger a refusé de témoigner et qualifié son procès de «farce» parce que, selon lui, la juge Denise Casper l'empêchait de donner la véritable version des faits.

L'ex-parrain assure en effet que des agents fédéraux lui avaient promis l'immunité contre toute poursuite --une ligne de défense qualifiée tout au long du procès de fantaisiste par l'accusation.

S'il a assuré avoir obtenu la garantie d'une immunité, Bulger a en revanche fermement nié au cours de son procès avoir jamais été un informateur du FBI --ce qu'assure l'accusation, selon laquelle «Whitey» aurait ainsi agi entre 1975 et 1990 pour protéger ses affaires et faire tomber des gangs rivaux.