Les enquêteurs interrogeaient lundi les quatre pilotes du Boeing 777-200 d'Asiana Airlines, dont le crash samedi à San Francisco a fait deux morts, alors qu'un faisceau d'éléments semblaient accréditer l'hypothèse d'une erreur humaine.

Les circonstances exactes de la mort de l'une des deux adolescentes décédées dans l'accident suscitaient également de nombreuses questions, après que les pompiers ont admis «la possibilité» que la jeune fille eut été écrasée par un de leurs camions dans le chaos des opérations de secours.

Depuis que les autorités sud-coréennes ont révélé que le capitaine de l'avion Lee Kang-Kuk, 46 ans, n'avait navigué que 43 heures sur un Boeing 777-200 -- l'un des plus gros porteurs au monde -- les regards se tournent avec insistance vers l'équipage du vol 214.

«C'est un pilote expérimenté, qui a déjà été capitaine, mais il était en cours d'obtention de sa qualification sur le 777 et connaissait sa première expérience opérationnelle sur un 777», a déclaré lundi Deborah Hersman, présidente de l'agence américaine de sécurité des transports (NTSB).

Elle a précisé que la NTSB «interrogeait (lundi) les quatre pilotes. Nous déterminerons exactement ce qui s'est passé, quand et pourquoi, si cela a été en phase avec les procédures ou s'il y a eu des écarts», a-t-elle affirmé.

Si Mme Hersman a démenti certaines informations de presse faisant état d'une «descente anormalement abrupte» de l'appareil, elle a cependant confirmé, chiffres à l'appui, que l'avion s'était approché de la piste d'atterrissage à une vitesse beaucoup trop lente.

Selon les premiers éléments recueillis par la NTSB, l'avion avait une vitesse de 106 noeuds au moment de l'impact, très loin des 137 noeuds «que l'on veut avoir quand on arrive sur la piste», a-t-elle précisé.

L'enregistrement des conversations avait révélé que l'équipage avait tenté de remettre les gaz et demandé à la tour de contrôle l'autorisation d'éviter l'atterrissage et de reprendre de l'altitude -- mais beaucoup trop tard.

Mme Hersman a par ailleurs souligné que la tour de contrôle n'avait aucune responsabilité dans la vitesse de l'avion. «L'approche en toute sécurité de l'aéroport est de la responsabilité de l'équipage. (La tour de contrôle) n'est pas responsable de la gestion de la vitesse à bord», a-t-elle déclaré.

«Erreur de jugement» des pilotes? 

Une vidéo tournée par un témoin confirme que la queue de l'avion a heurté une digue séparant la piste des plans d'eau voisins, sur la baie de San Francisco, avant que l'appareil n'atterrisse sur le ventre et ne prenne feu.

Deux adolescentes chinoises ont trouvé la mort dans l'accident et 182 personnes ont été blessées, plusieurs étant encore dans un état grave.

Lundi, les pompiers ont reconnu «la possibilité» que l'un de leurs camions ait écrasé l'une des adolescentes. L'institut médico-légal du comté de San Mateo, qui procède aux autopsies, devra confirmer si la mort est survenue avant ou après un éventuel contact avec un véhicule.

Les pompiers ont refusé de faire d'autres commentaires sur le sujet.

Deborah Hersman, qui supervise aussi l'enquête sur les deux décès, a affirmé pour sa part que le médecin légiste n'avait «pas encore déterminé la cause de la mort et nous voulons être sûrs d'avoir tous les éléments en main avant de tirer une conclusion».

«Nous étudions une vidéo de surveillance de l'aéroport pour tenter de comprendre ce qui s'est passé. Je peux vous dire qu'après un premier visionnage par nos équipes, ce n'est pas concluant donc il nous faut vraiment travailler et parler avec d'autres personnes, conduire d'autre entretiens et laisser le médecin-légiste faire son travail», a-t-elle dit.

Elle a précisé que les deux adolescentes chinoises, qui faisaient partie d'un groupe de 35 étudiants, étaient assises «au fond de l'appareil», la partie la plus endommagée, après le détachement de la queue de l'appareil.

Selon les médias chinois les victimes sont Ye Mengyuan, 16 ans, et Wang Linjia, 17 ans, des lycéennes de la province orientale du Zhejiang.

La première jeune fille ne porte pas de traces de brûlures graves. Son amie présente des blessures sans doute occasionnées au moment ou la queue s'est détachée du reste du fuselage, projetant plusieurs passagers dans le vide, selon l'institut médico-légal.

Selon Asiana, le pilote Lee Kang-Kuk affiche plus de 9000 heures de vol, ce qui en fait un pilote expérimenté.

«Il est exact que Lee était en formation sur Boeing 777», a déclaré à l'AFP une porte-parole de la compagnie en insistant sur le fait que le pilote était sous la supervision d'un formateur chevronné qui faisait office de co-pilote.

Pour Tom Ballantyne, journaliste à l'Orient Aviation magazine, le fait que le pilote d'Asiana ait été en formation est «tout à fait normal».

En revanche les circonstances de l'accident semblaient clairement dues à «une erreur de jugement de la personne aux commandes de l'appareil», selon lui.