Les États-Unis n'abattront un missile balistique lancé par la Corée du Nord que s'il constitue une menace pour leurs alliés ou pour le territoire américain, a jugé mardi le commandant des forces américaines en Asie-Pacifique, l'amiral Sam Locklear.

«Cela ne nous prend pas longtemps pour déterminer où il se dirige et où il va tomber», a expliqué l'amiral devant les sénateurs de la commission des Forces armées, au Congrès à Washington, précisant qu'il «ne recommandait pas» d'abattre un missile qui ne posait pas de menace.

Pyongyang a déployé sur sa côte orientale deux missiles Musudan, d'une portée théorique pouvant atteindre 4000 kilomètres, soit la capacité de toucher la Corée du Sud, le Japon ou encore l'île américaine de Guam.

Selon un haut responsable sud-coréen, «le Nord est apparemment prêt à tirer ces missiles sans avertissement». Pyongyang a annoncé qu'il ne pourrait plus garantir la sécurité des missions diplomatiques à compter du 10 avril, suggérant l'imminence d'un tir de missile. Des sources militaires citées par l'agence de presse Yonhap ont de leur côté estimé que le Nord pourrait procéder à un tir le 15 avril, date-anniversaire de la naissance du fondateur du régime communiste nord-coréen, Kim Il-sung, mort en 1994.

Les États-Unis disposent de radar de suivi de trajectoire des missiles balistiques au Japon et à bord de destroyers croisant dans la région, ainsi que des missiles antimissiles à bord de ces navires.

Le Japon et la Corée du Sud ont eux aussi déployé leurs propres moyens antimissiles face à ce tir annoncé.

L'amiral Locklear devait être entendu par les sénateurs de la commission des Forces armées en compagnie du commandant des 28 500 militaires américains stationnés en Corée du Sud, le général James Thurman, mais ce dernier est resté en Corée en raison de la crise avec le Nord.

Pour Samuel Locklear, dont l'autorité s'étend de l'Inde à la Californie, les essais balistiques et nucléaires de la Corée du Nord et ses activités de prolifération «représentent une menace claire et directe pour la sécurité nationale des États-Unis ainsi que pour la paix et la stabilité dans la région».

S'il n'a pas fait état de cette perspective à la lumière de la crise actuelle, l'amiral a par ailleurs jugé «qu'un conflit majeur en Corée risquerait d'avoir des conséquences imprévisibles, de long terme et profondes en raison de la localisation de la péninsule coréenne en Asie du Nord-Est et de l'importance vitale du commerce dans cette zone pour l'économie mondiale».

S'agissant du jeune dirigeant Kim Jong-un, le patron des forces américaines en Asie-Pacifique a reconnu que les États-Unis n'avaient qu'une «compréhension limitée des intentions du leadership nord-coréen, ce qui pose problème pour la stabilité à terme».