Edward Snowden, l'informaticien américain réfugié dans un aéroport de Moscou et recherché par Washington pour espionnage, a renoncé à rester en Russie et a essuyé mardi un refus de la part de nombreux pays auxquels il a demandé l'asile politique.

En contact étroit avec de nombreuses capitales, les États-Unis ont dit avoir «bon espoir» que l'ex-consultant de l'Agence américaine de sécurité nationale (NSA) rentre aux États-Unis.

Des responsables américains sont «en contact, comme c'est le cas depuis plusieurs jours maintenant, avec de nombreux pays qui pourraient être des lieux de transit ou des destinations finales» pour M. Snowden, a déclaré la porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki.

«C'est quelqu'un que nous voudrions voir revenir aux États-Unis, bien évidemment. Et nous avons bon espoir que cela arrivera», a-t-elle assuré.

L'Allemagne, estimant que «les conditions d'accueil ne sont pas réunies», a rejoint la Pologne, l'Inde, le Brésil et les Pays-Bas qui avaient annoncé mardi leur refus d'accorder l'asile au jeune Américain de 30 ans, qui avait déposé dimanche des demandes auprès de 21 pays.

L'Autriche, la Finlande, la Norvège, l'Espagne et l'Italie ont pour leur part confirmé avoir reçu une demande d'asile politique, tout en soulignant qu'elle ne correspondait pas aux critères officiels, laissant ainsi entendre qu'elle serait rejetée.

La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a réitéré n'avoir pas encore reçu de demande.

Dans la matinée, le Kremlin a annoncé que le jeune Américain avait retiré sa demande d'asile en Russie.

«En apprenant hier la position de Poutine sur les conditions nécessaires pour qu'il reste en Russie, il a renoncé à sa demande», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le chef de l'État russe, Vladimir Poutine, avait déclaré lundi que Snowden, coincé depuis le 23 juin dans la zone de transit de l'aéroport Moscou-Cheremetievo, pouvait rester en Russie à condition qu'il cesse «ses activités visant à faire du tort» aux Américains.

Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, en visite à Moscou, a, lui aussi, affirmé que son pays n'avait pas reçu de demande, selon l'agence russe Itar-Tass.

Mais il a estimé qu'Edward Snowden méritait d'être «protégé par le droit humanitaire international».

Le chef de l'État bolivien, Evo Morales, a, de son côté, déclaré à la chaîne Russia Today que son pays «prendrait en considération» une telle demande s'il était sollicité. 

Dans une lettre au ministère polonais des Affaires étrangères et dont le contenu a été divulgué à la presse, M. Snowden affirme qu'il «risque d'être persécuté», voire exécuté par les Etats-Unis, s'il devait retourner dans son pays appliquant toujours la peine de mort.

L'ancien consultant de l'agence nationale de sécurité NSA est à l'origine des révélations fracassantes sur un programme américain secret de surveillance des communications mondiales.

Invisible depuis son départ de Hong Kong il y a dix jours, il a permis la publication ce week-end de nouvelles informations sur l'espionnage des communications de l'Union européenne, provoquant la colère des Européens. Ces révélations font aussi planer la menace d'un blocage des négociations pour un accord de libre-échange entre l'UE et les États-Unis.

Dans une déclaration postée lundi sur le site internet de WikiLeaks, la première depuis son départ de Hong Kong, Edward Snowden a accusé le président américain Barack Obama de «faire pression sur les dirigeants» des pays auprès desquels il cherche une protection.

Il y affirme que M. Obama a donné l'ordre à son vice-président Joe Biden de faire pression sur les dirigeants des pays auprès desquels il a demandé l'asile pour obtenir, le cas échéant, son extradition.

Edward Snowden a reçu mardi le soutien appuyé de son père, Lon Snowden, qui a comparé son fils à un illustre patriote de la guerre d'indépendance américaine au 18e siècle, Paul Revere.