Le gouverneur de l'Ohio John Kasich a épaté la galerie en finissant deuxième lors des primaires républicaines du New Hampshire, mardi. Une performance qui sera difficile à répéter, croient des experts.

Il estime que les changements climatiques sont un réel danger. Il arrive à s'entendre avec ses confrères démocrates, et laisse souvent tomber les discours tout faits pour attraper un micro et improviser.

John Kasich, gouverneur de l'Ohio et candidat à l'investiture du Parti républicain, a travaillé pendant des mois à séduire les électeurs du New Hampshire. La stratégie a fonctionné : mardi soir, il a terminé en deuxième place, avec 16 % du vote républicain, devant Ted Cruz, Jeb Bush et Marco Rubio, trois candidats qui ont dépensé des millions de plus que lui en publicité dans l'État.

«Ce soir, la lumière a eu le dessus sur la noirceur des campagnes négatives», a martelé Kasich devant ses partisans énergiques, mardi.

Les bons résultats du candidat sont loin d'être un coup de chance : il a travaillé fort pour les obtenir, estime Rafael Jacob, chercheur associé à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM.

«John Kasich habite pratiquement au New Hampshire depuis le mois de juillet, dit-il. Et il est un candidat assez crédible, il en est à son deuxième mandat comme gouverneur de l'Ohio, un gros État.»

John Kasich se présente souvent comme une personne positive et pragmatique. Âgé de 63 ans, il a travaillé dans le secteur privé et a représenté l'Ohio à la Chambre des représentants à Washington pendant 18 ans.

Ses positions sont parfois en rupture avec celles de son parti. Kasich dit respecter la décision de la Cour suprême sur la question du mariage gai. Il est pour la réforme de l'Obamacare, qu'il a autorisée dans son État. Et il veut que les millions d'immigrants clandestins aux États-Unis puissent rester dans le pays légalement.

Des idées qui peuvent faire oublier que sa feuille de route est très conservatrice, rappelle Pierre Martin, titulaire de la Chaire d'études politiques et économiques américaines de l'Université de Montréal.

«John Kasich n'est pas un homme de gauche. C'est un homme de la droite très ferme. Il est pour des mesures d'austérité. Il est contre l'avortement, pour la peine de mort. À peu près toutes les cases peuvent être cochées.»

Son image de candidat modéré est en partie le fruit d'une opération de relations publiques, croit Rafael Jacob. «Cela fonctionne bien au New Hampshire, où tout le monde peut voter aux primaires, pas seulement les membres du Parti républicain.»

SUCCÈS PASSAGER ?

Sa deuxième place peut-elle lui donner des ailes ? Rafael Jacob voit mal comment Kasich pourrait répéter sa performance de mardi.

«Ça me paraît hautement improbable qu'il puisse remporter l'investiture républicaine. Il avait mis tous ses oeufs dans le panier du New Hampshire. Aujourd'hui, Kasich n'a plus de ressources financières.»

La déconfiture de candidats comme Marco Rubio ou Jeb Bush pourrait pousser des donateurs affolés à l'idée de voir un Trump ou un Cruz prendre de l'altitude à regarder John Kasich de plus près, croit Pierre Martin.

«Il y a un flash qui va vers lui, il pourrait représenter une vision plus affairiste du parti, moins radical dans son langage, dans sa façon de se comporter. Cela dit, ça va être difficile d'expliquer certaines de ses décisions. Les autres candidats vont les utiliser contre lui.»