Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a convaincu le médiateur Lakhdar Brahimi de rester à son poste à la suite de la récente initiative américano-russe sur la Syrie, a indiqué jeudi un haut responsable de l'ONU.

M. Ban «a demandé au représentant spécial conjoint (de l'ONU et de la Ligue arabe) de rester et il a accepté de rester», a déclaré à la presse le vice-secrétaire général de l'ONU Jan Eliasson. Ce dernier a salué comme «une bonne nouvelle» l'initiative lancée par Washington et Moscou.

M. Ban a eu des entretiens téléphoniques séparés jeudi avec le secrétaire d'État américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov et «plusieurs conversations» avec M. Brahimi mercredi et jeudi, a précisé M. Eliasson.

Selon des diplomates à l'ONU, M. Brahimi avait fait part de sa décision de démissionner avant la fin du mois de mai devant l'impasse de sa médiation.

M. Brahimi avait qualifié mercredi l'initiative américano-russe comme un «premier pas très important».

Washington et Moscou espèrent pouvoir organiser d'ici à la fin mai une conférence internationale afin de trouver un règlement politique conforme à un accord conclu à Genève le 30 juin 2012 entre les grandes puissances. Cet accord ne précise cependant pas le sort du président syrien Bachar al-Assad et l'opposition syrienne continue de considérer son départ comme une condition préalable à toute discussion.

«Nous saluons cette initiative» américano-russe, a souligné M. Eliasson. «Nous espérons vivement que tous les partenaires vont saisir cette occasion et contribuer à un règlement pacifique». Il a cependant reconnu que «beaucoup restait à faire». Outre M. Brahimi, a-t-il dit, une «équipe forte au sein des Nations unies» va s'efforcer de «donner un élan» dans la direction d'un règlement négocié.

Selon le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky, M. Ban a «félicité» jeudi MM. Kerry et Lavrov pour leur initiative et «encourage fortement toutes les parties à saisir cette occasion». L'ONU et M. Brahimi «vont intensifier leurs efforts à ce propos», a-t-il ajouté.

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Armes chimiques: Damas prêt à recevoir les enquêteurs de l'ONU

La Syrie est prête à accueillir immédiatement la commission d'enquête de l'ONU sur les armes chimiques, et affirmer le contraire est un «mensonge», a affirmé le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, dans un entretien exclusif à l'AFP.

Il a par ailleurs assuré que les présidents américain et syrien Barack Obama et Bachar al-Assad avaient la même conception des «lignes rouges» sur les armes chimiques.

«Nous étions prêts et nous sommes toujours prêts maintenant, à cette minute, à accueillir la délégation telle qu'elle a été établie par (le secrétaire général de l'ONU) Ban Ki-moon pour enquêter sur ce qui s'est passé à Khan al-Assal», a déclaré M. Fayçal Moqdad.

«Nous avions ajouté que si l'enquête à Khan al-Assal s'avérait professionnelle, honnête, neutre nous serions d'accord pour examiner les autres cas», a-t-il ajouté.

Le régime syrien a accusé l'opposition d'avoir eu recours à des armes chimiques le 23 mars à Khan al-Assal près d'Alep (nord) et a demandé une enquête de l'ONU.

Mais selon l'ONU, Damas refuse que les enquêteurs se penchent aussi sur des accusations similaires portées contre l'armée syrienne par Londres et Paris et concernant des incidents à Khan al-Assal ainsi qu'à Homs (centre), le 23 décembre 2012.

«Les rumeurs selon lesquelles la Syrie a empêché la mission de venir sont absolument incorrectes, folles et inacceptables. C'est un grand mensonge», a-t-il ajouté.

Une Commission d'experts a été mandatée fin mars par le secrétaire général de l'ONU pour faire la lumière sur l'usage éventuel d'armes chimiques en Syrie, mais selon l'ONU elle s'est vue refuser en avril l'accès au pays par le gouvernement syrien.

«Une enquête exhaustive et crédible nécessite d'avoir un accès complet au site où ces armes auraient été utilisées», avait réagi M. Ban Ki-moon appelant le 29 avril les autorités syriennes à autoriser «sans délai et sans conditions» cette visite.

«Ce n'est pas nous en Syrie qui empêchons l'équipe mise en place par le secrétariat (de l'ONU) de venir en Syrie, c'est le secrétariat de l'ONU sur instruction et pression de la France, de la Grande-Bretagne et des groupes armés. Ils ne veulent pas qu'elle vienne».

«Beaucoup de gens parlent des lignes rouges sur les armes chimiques, dont le président Obama. Il y a aussi des lignes rouges de la part d'Assad. Le président Assad n'utilisera jamais des armes chimiques, si tant est que le pays en possède, contre son peuple. Aussi ceux qui utilisent ces armes ce sont les autres (les rebelles)», a-t-il souligné.