L'Égypte est «sur la bonne voie», a estimé lundi à Khartoum le chef de la diplomatie égyptienne par intérim, Nabil Fahmy, dont le gouvernement est engagé dans une épreuve de force sanglante avec les partisans du président déchu Mohamed Morsi.

«Oui il y a une crise, mais nous sommes sur la bonne voie et je suis confiant dans l'avenir», a dit M. Fahmy, à l'issue d'entretiens avec son homologue soudanais Ali Karti, alors que près de 900 personnes, en grande majorité des pro-Morsi, ont péri en Égypte depuis mercredi.

«Notre principale priorité est la sécurité nationale», a souligné le ministre.

L'Égypte va avancer en suivant la «feuille de route», qui prévoit notamment des élections début 2014, a-t-il précisé, en faisant référence à la «feuille de route» imposée par l'armée au gouvernement intérimaire qu'elle a nommé après avoir destitué et arrêté M. Morsi le 3 juillet.

«Le futur système politique de l'Égypte sera un régime démocratique, ouvert à tous, selon des règles constitutionnelles qui seront écrites bientôt», a poursuivi M. Fahmy.

Quiconque aura recours à la violence devra répondre de ses actes «en vertu de la loi» et ne participera pas à l'avenir de l'Égypte, a-t-il souligné.

Depuis la destitution de M. Morsi, premier chef de l'État élu démocratiquement en Égypte, ses partisans réclament son retour au pouvoir et dénoncent un coup d'État.

Près de 900 personnes ont été tuées en six jours dans tout le pays, dont près de 600 mercredi quand les forces de l'ordre ont lancé le premier assaut contre les rassemblements des Frères musulmans au Caire.

La spirale des violences s'est poursuivie ces dernières 24 heures avec 37 détenus islamistes tués lors d'une tentative d'évasion, selon les autorités, ainsi que 25 policiers dans une attaque de deux minibus de la police.

Ces attaques «confirment qu'il y a un plan pour propager la peur parmi les citoyens égyptiens et déstabiliser l'Égypte», a affirmé M. Fahmy.

«Nous ne permettrons à personne d'effrayer les Égyptiens», a-t-il ajouté.

Nabil Fahmy, ancien ambassadeur à Washington, s'est rendu lundi au Soudan voisin pour sa première visite à l'étranger depuis sa nomination.

Il a souligné que son gouvernement souhaitait clarifier la situation devant ses voisins, «en particulier le Soudan», où M. Morsi avait effectué en avril une visite qualifiée d'«historique» par la présidence soudanaise.

«Nous sommes venus ici avec un message politique clair: nous voulons une coopération dans l'intérêt des pays», a dit M. Fahmy, avant de quitter Khartoum, où il a souligné avoir décidé avec son homologue de renforcer les liens économiques entre les deux pays.

M. Karti a affirmé pour sa part que la visite de M. Fahmy «confirmait la profondeur des relations entre le Soudan et l'Égypte».

Il a rappelé que l'Égypte avait soutenu le Soudan, alors que celui-ci était confronté à une guerre civile dans le Sud de 1983 à 2005, et encore aujourd'hui avec les violences et la rébellion au Darfour, au Kordofan-Sud et au Nil Bleu.

«Nous avons besoin que l'Égypte retrouve son rôle. C'est pour cela que nous sommes inquiets de ce qui se passe et espérons que l'Égypte sorte de cette situation par le dialogue», a-t-il dit, tout en soulignant que les événements actuels étaient «une affaire égyptienne».

M. Morsi avait été élu en juin 2012 après un soulèvement ayant mis fin à 30 ans de règne de Hosni Moubarak, qui a entretenu pendant plusieurs années des relations tendues avec le régime islamiste de Khartoum.

it/cco/feb