Malgré ses appels à la communauté internationale pour augmenter l'aide humanitaire à la Syrie, le Canada tarde à remplir ses propres promesses en la matière. Une compilation des Nations unies montre qu'Ottawa n'a accordé que 34% de l'aide promise aux civils syriens, l'un des pourcentages les plus bas de tous les grands donateurs.

Selon des chiffres publiés en date d'hier par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, le Canada n'a livré que 45 des 132,6 millions promis pour aider les civils syriens victimes de la guerre civile qui y fait rage depuis 2011.

En comparaison, des pays comme les États-Unis, le Koweït, l'Australie ou le Japon ont déjà acheminé la totalité ou presque de l'aide humanitaire qu'ils avaient annoncée.

Ces chiffres de l'ONU ne correspondent pas à ceux d'Ottawa, qui clame plutôt avoir promis 203,5 millions pour la Syrie. De ce total, le ministère des Affaires étrangères affirme que 68,5 millions ont déjà été déboursés, et que 42,8 millions ont déjà alloués aux différents partenaires et sont sur le point d'être déboursés. Cela laisse encore une somme de 92,2 millions qui a été promise, mais n'a pas encore été déployée sur le terrain, soit 45% du total.

«Nous travaillons actuellement avec nos partenaires en qui nous avons confiance sur le terrain pour évaluer la situation et identifier les besoins les plus importants afin de déterminer la meilleure allocation des fonds restants», a expliqué le ministre des Affaires étrangères à La Presse dans un courriel.

Neuvième position

Ottawa n'a pas été en mesure de dire pourquoi ses chiffres ne correspondent pas à ceux de l'ONU, et n'a pas commenté le fait que le Canada a l'un des taux de livraison de l'aide promise le plus bas des grands donateurs.

En comptant l'aide déjà livrée, le Canada est le neuvième pays au palmarès des pays les plus généreux pour la Syrie.

Lors du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, la semaine dernière, le Canada n'avait pas voulu se prononcer sur une intervention militaire contre le régime de Bachar al-Assad, préférant mettre l'accent sur les besoins humanitaires des civils.

Aux côtés du Royaume-Uni, Ottawa avait demandé à la communauté internationale d'augmenter les sommes consacrées à l'aide humanitaire, annonçant du même coup une aide supplémentaire canadienne de 45 millions.

Besoins urgents

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies n'a pas voulu accorder d'entrevue sur les effets de l'aide humanitaire non fournie, mais a suggéré à La Presse de se référer à un communiqué de presse récent dans lequel les besoins des Syriens sont qualifiés «d'urgents».

«Plus d'un tiers des Syriens ont un besoin urgent d'aide humanitaire, mais la crise affecte tout le monde avec la dépréciation de la monnaie et la destruction d'infrastructures essentielles, notamment des établissements de santé", écrit Valérie Amos, secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires des Nations unies.

Mme Amos a rappelé que la guerre civile a fait quatre millions de déplacés à l'intérieur de la Syrie et que deux millions d'entre eux ont trouvé refuge dans des pays comme le Liban, la Jordanie, la Turquie, l'Irak et l'Égypte, où ils s'entassent souvent dans d'immenses camps de réfugiés.

La semaine dernière, le gouvernement fédéral s'était attiré les critiques des groupes de protection des réfugiés, qui l'accusaient de ne pas en faire assez pour accueillir les Syriens vulnérables en sol canadien.