Les États-Unis et l'Arabie saoudite ont réclamé lundi un cessez-le-feu et un accès humanitaire en Syrie et ont discuté de l'éventuel envoi sur le terrain de forces spéciales saoudiennes, avant une conférence internationale cette semaine consacrée à cette guerre.

«Nous avons un immense intérêt à régler les problèmes de la région avant qu'ils ne nous consument tous», a lancé le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir devant la presse à Washington, au côté de son homologue américain John Kerry.

Ce dernier a affirmé que les deux pays alliés étaient «impliqués au plus haut point pour que le Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG, 17 pays et trois organisations multilatérales qui ont adopté une feuille de route diplomatique sur le conflit syrien, NDLR) soit en mesure d'avancer vers un accès humanitaire complet et un cessez-le-feu intégral».

«Nous espérons que quand nous nous verrons à Munich dans les tout prochains jours, nous serons en mesure de progresser vers cet objectif», a plaidé John Kerry.

Après des réunions à Vienne et à New York fin 2015, les puissances mondiales et régionales, dont Washington, Moscou, Riyad et Téhéran réunies au sein du ISSG, doivent se retrouver jeudi à Munich pour négocier un règlement à une guerre qui a fait au moins 260 000 morts et des millions de réfugiés en cinq ans.

Ce processus diplomatique, dit de Vienne, a été consacré le 18 décembre par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée par ses 15 membres, dont la Russie. Ce texte réclame notamment l'instauration d'un cessez-le-feu et un accès humanitaire aux villes syriennes assiégées.

Après des mois de rapprochement avec Moscou pour trouver une sortie de crise en Syrie, Washington a changé de pied la semaine dernière en accusant l'armée russe, alliée des forces syriennes, d'avoir sapé les fragiles efforts de paix internationaux par leur offensive militaire sur la ville d'Alep.

«Nous sommes déterminés à travailler avec les États-Unis et nos alliés à travers le monde pour régler cela, qu'il s'agisse de la guerre contre le terrorisme, des tentatives pour stabiliser le Moyen-Orient, de la paix entre Israël et les Palestiniens ou encore de la paix au Yémen», a égrené M. Jubeir, dont le pays et les États-Unis traversent une période de tensions, en particulier sur les dossiers de l'Iran et de la Syrie.

Après son entretien avec M. Kerry, M. Jubeir s'est encore exprimé, seul, devant des journalistes en quittant le département d'État: il a évoqué la proposition de Riyad de dépêcher des troupes au sol en Syrie, dans le cadre de la coalition internationale contre le groupe djihadiste État islamique.

«Le gouvernement des États-Unis a exprimé son soutien au fait que le royaume (saoudien) était prêt à dépêcher des forces spéciales en Syrie, si la coalition internationale en décidait ainsi», a dit M. Jubeir. Washington, par la voix de responsables du Pentagone, avait déjà dit la semaine dernière voir d'un bon oeil cette offre saoudienne.