Le porte-parole de l'armée égyptienne a assuré qu'il ne prendra pas de mesures exceptionnelles ou arbitraires auprès d'aucun groupe politique.

Dans la soirée de jeudi, le colonel Ahmed Mohammed Ali a publié sur sa page Facebook que les forces armées et les agences de sécurité désiraient «assurer la réconciliation nationale, une justice et une tolérance établies». Il n'a pas précisé comment la réconciliation pouvait se réaliser.

Les agences de sécurité ont déjà arrêté au moins quatre figures importantes des Frères musulmans, dont le leader, Mohammed Badie, qui a été transféré au Caire à bord d'un hélicoptère militaire.

Mohammed Badie aurait été interpellé mercredi soir à Marsa Matrouh, un village de la côte méditerranéenne à l'ouest du Caire, près de la frontière avec la Libye. M. Badie se trouvait dans la résidence d'un homme d'affaires qui entretient des liens étroits avec les Frères musulmans.

M. Badie faisait partie des plus de 200 membres des Frères musulmans ou d'autres organisations islamistes recherchés par la police. Le président déchu Mohammed Morsi est aussi issu des Frères musulmans, un mouvement qu'il a dirigé durant longtemps.

Pendant ce temps, le juge en chef de la Cour suprême constitutionnelle d'Égypte a été assermenté en tant que président intérimaire jeudi, en remplacement du président islamiste Morsi qui avait été écarté du pouvoir par l'armée la veille.

Adly Mansour a été assermenté lors d'une cérémonie diffusée en direct à la télévision.

Le décret militaire stipule que M. Mansour agira comme président intérimaire en attendant l'élection d'un nouveau président. La date de l'élection n'a pas encore été annoncée.

M. Mansour a été assermenté quelques heures après que l'armée ait chassé Mohammed Morsi, qui était devenu il y a un an le premier président égyptien élu démocratiquement.

L'armée est intervenue pour écarter M. Morsi après que des millions d'Égyptiens soient descendus dans les rues cette semaine pour réclamer sa démission.

M. Morsi a été placé en détention à domicile dans un endroit gardé secret, tout comme une dizaine de ses plus proches collaborateurs. L'armée a aussi pris le contrôle des médias publics.

Craignant la réaction des partisans du président déchu, l'armée avait déployé des blindés dans les rues du Caire et ailleurs pour garder un oeil sur les manifestations islamistes. Des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes provinciales quand les islamistes ont tiré sur les policiers, faisant au moins neuf morts.

Mercredi soir, à l'annonce du départ de M. Morsi, des acclamations de joie ont explosé parmi les millions de manifestants qui réclamaient à travers tout le pays le départ immédiat du président Morsi. Des feux d'artifice ont été projetés dans les airs, alors que les protestataires scandaient «non au gouvernement militaire».

La Turquie a estimé que le renversement de M. Morsi par l'armée était «illégal» et réclamé sa libération immédiate. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré jeudi que les leaders élus démocratiquement ne peuvent être chassés que lors d'élections. Le gouvernement du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui avait forgé des liens étroits avec M. Morsi, a grandement réduit les pouvoirs de l'armée turque, auteure de trois coups d'État depuis les années 1960.

Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé à un règlement pacifique de la crise égyptienne. Il prévoit s'entretenir avec les différents acteurs au cours des prochaines heures.

Enfin, plusieurs pays du golfe arabe - dont les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït et l'Arabie saoudite - ont tous transmis des messages de félicitations au président intérimaire Mansour.