Elle avait dénoncé à la police un protagoniste des attentats de Paris. Dans une interview diffusée jeudi, ce témoin protégé se dit «abandonnée» par la France, des propos dont la diffusion a déclenché une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui.

Après les attentats du 13 novembre (130 morts), «Sonia» (un prénom d'emprunt) avait contacté les forces de l'ordre pour leur révéler la présence dans la banlieue parisienne d'Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques. Ce djihadiste avait été tué lors d'un assaut de la police cinq jours après ces attaques.

«On ne peut même pas dire que ma vie n'est plus du tout la même, je n'ai plus de vie», a raconté à la radio RMC «Sonia», protégée par la police. «Je n'ai plus de vie sociale, je n'ai plus de travail, je n'ai plus d'amis, je n'ai plus de famille. On m'a coupée du reste du monde», se plaint-elle.

Amie d'Hasna Aït Boulahcen, la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, la jeune femme avait accompagné celle-ci dans la banlieue parisienne après les attentats sans savoir qu'elle allait y rencontrer le djihadiste belgo-marocain.

Selon son entretien avec RMC, Abaaoud lui avait alors affirmé avoir gagné la France avec des réfugiés syriens, pouvoir compter sur 90 hommes, et préparer de nouveaux attentats contre un centre commercial, un commissariat et une crèche.

«Tous ceux qui diffusent des interviews, font du bruit sur ce sujet-là, plutôt que de traiter discrètement cette question, comme nous nous employons à le faire, lui font prendre un risque», a accusé jeudi sur la radio Europe 1 le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

La justice française a annoncé avoir ouvert une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui, qui vise également un article publié par l'hebdomadaire Le Point.